Réponse à une jeune maman de la liste "Parents Conscients" :
C'est très difficile d'être parent de bébé, et à mon avis cela vient du simple fait que nos besoins de bébé n'ont pas été suffisamment comblés.
Beaucoup de la fatigue que nous ressentons provient non pas des nuits sans sommeil (je devrais plutôt dire interrompues) mais de l'idée que l'on se fait d'une nuit ressourçante, et de l'idée que l'on a du comportement d'un bébé...
Je me rappelle que je regardais l'heure à chaque tétée de mon dernier enfant et ça m'épuisait encore plus de savoir qu'elle avait tété 18 fois cette nuit (oui, pffff), cela me permettait de tourner en boucle avec ça, en plus j'avais d'autres enfants qui attendaient mon attention, et j'étais dans les choux un peu toute la journée :-))
Bon, quand j'ai arrêté d'espérer, et de compter, que j'ai débranché mon réveil ça a déjà été mieux. Je me suis détendue un peu, mon bébé aussi, (je devrais dire mes bébés car la seconde avait 16 mois d'écart avec la dernière et l'aînée venait parfois dormir au pied du lit)
J'ai appris que mes attentes jouent souvent contre moi, elles me font miroiter un truc qui fonctionnent à tous les coups, elles mettent mes besoins à la première place, ce sont des sirènes dont j'ai souvent écouté le chant :-))
"Ton enfant devrait faire ceci ou cela à son âge", " Comment vas-tu faire si tu es si fatiguée, tes enfants devraient dormir dans leur chambre"; quand j'attends quelque chose et que cela ne se concrétise pas, je suis déçue mais à un point que tu n'imagines pas, du coup ça me prend mon bien être, ma créativité, je suis un vieux chiffon traînant sans aucun peps, je me demande pourquoi cela ne s'est pas passé comme "prévu".
Avec mes enfants j'ai traversé un grand nombre de crises d'épuisement, le moment que tu décris : "Je n'en peux plus, je suis trop crevée, j'en ai marre, je ne m'en sors pas et dans la journée, je suis une loque". Et je ne te parle pas des périodes de stress du genre deuil, maladie, séparation, ça ajoute une grosse couche de fatigue et de sentiment d'impuissance...
Mais malgré tout ça, je suis toujours sur pied mes enfants aussi, et tu vois aujourd'hui, je vois la différence que fait le maternage de proximité dans la vie d'un jeune adulte.
Et puis pour un premier enfant il y a une phase de transition, on ignorait que cela allait être ainsi, aussi exigeant. Pourtant quand on y pense, l'accompagnement d'un bébé c'est quand même une sacrée tâche fondamentale pour l'avenir, le tien, le sien, le notre... Tu vois, moi avec mon premier j'étais encore bien loin de la conscience que tu as toi aujourd'hui de ton bébé.
Je vais te livrer mes six techniques de survie :
- demander de l'aide et en obtenir :-)) On l'ignore souvent mais après la naissance d'un enfant on peut obtenir une aide ménagère à bas prix, il faut voir la CAF dans les villes, et l'ADMR dans les campagnes pour cela.
Chez nous chaque visiteur à une époque donnait un coup de main. Je me souviens que j'avais abandonné l'idée d'être conventionnelle et polie, quand on me demandait "Je peux donner un coup de main ?" je répondais par l'affirmative. Je me souviens avoir demandé à un copain de nettoyer une vitre se trouvant en face de mon évier, pour que je puisse voir à l'extérieur :-)) ça l'a surpris mais il était content d'avoir contribué à nous donner plus de lumière.
- Eliminer toutes les tâches ménagères pour un temps indéterminé, personne n'en est mort... Surtout si on n'a pas d'aide. Simplifier les repas au maximum.
- Rentabiliser le temps pour dormir, à chaque fois que je le pouvais je fermais les yeux et je me détendais. je faisais des siestes quand c'était possible, je pouvais dormir à peu près n'importe ou, dormir à moitié parfois mais c'était déjà ça...
- M'attendre à vivre une nuit pleine de péripéties, et finalement me rendre compte que oui, je dors, finalement quand mon bébé tête ça me réveille très peu, voire pas, et c'est une solution intéressante pour récupérer plus intéressante que celle qui consiste à se lever. Le lit est devenu un nid, et quand tout le monde est en sécurité chacun dort mieux. Tu sais que l'insécurité ne permet pas de dormir, et ça c'est un réel pb de l'enfant qui dort seul. Enfin ça peut l'être.
- Pleurer à chaudes larmes au moins deux fois par semaine, tu ne peux pas savoir ce que ça énergétise ! Les larmes emmènent avec elles, le découragement, la fatigue, l'isolement, l'impuissance, tu peux faire ça avec une amie, ou bien parler à une personne que tu imagines, tu peux écrire et pleurer bref, on fait ce que l'on peut avec les moyens du bord :-))
- Avoir des amies et aller les voir chaque jour, ou les inviter, des personnes qui ont des enfants juste un peu plus grands, ou du même âge. Des gens qui vivent la même chose, ou qui sont passés par là. Et ça c'est vraiment hyper ressourçant !!!
Même des amis qui n'ont pas la même philosophie de vie sont aidants quand on abandonne l'idée de les convaincre. ça signifie se faire des amies, créer des occasions. Je me rappelle que j'ai fait pas mal de connaissances chez ma sage femme, et aussi pendant ma formation LLL.
Une animatrice américaine était venue chez moi avec sa famille, Cette sainte femme non seulement n'arrêtait pas de me dire "c'est normal" à chaque sujet d'inquiétude que je lui posais. Mais en plus elle m'avait offert les partitions de la BO du film "The sound of music" comme c'était notre film culte du moment, on avait passé des heures à chanter les chansons du film et le chant c'est bon pour tout le monde dans la famille :-))) ça remet de la joie de vivre dans la marmite :-))
Je crois qu'on peut difficilement éviter les problèmes, les crises, la fatigue les remises en question, l'accompagnement d'un enfant c'est avant tout un gros bouleversement. Comment pourrait on prétendre être toujours prête à répondre, en forme, pas fatiguée, alors que nous allons être dans le dépassement constant ???
Tu parles de pourcentages, personnellement parfois j'étais à 10 pour cent de mes capacités de réponse, à ne plus faire de repas, à rester au lit toute la journée de déprime, parfois c'était différent j'étais pleine d'énergie, c'est la vie qui est comme ça elle nous propose des défis sans cesse...
J'ai quand même quelque part le sentiment que vouloir répondre fait une différence, et que l'on progresse sur ce plan au fil des années, le cerveau nous aide, il s'adapte.
Je te souhaite mille joies avec ce premier bébé :-)))
Catherine Dumonteil Kremer
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