Articles, idées, astuces de la pionnière de la parentalité positive en France, Catherine Dumonteil Kremer
20 Février 2018
C'est une question intéressante et, si vous n'êtes pas trop rebutés ou gênés, je vous invite à me suivre dans mes réflexions de mère de famille.
Quand je vois des bambins jouer avec leur sexe, j'ai le sentiment qu'ils le touchent, l'explorent, apprennent à le connaître comme toute autre partie de leur corps.
Oui mais, me direz-vous, cette partie-là n'a pas le même potentiel que d'autres !
Elle peut leur faire vivre un grand nombre de sensations agréables.
Et nous ne pouvons que nous en réjouir.
Ils le frottent, s'auto-stimulent et, en même temps, leurs activités ne sont pas comparables à celles d'un adolescent ou d'un adulte vivant une relation sexuelle avec lui-même, qui aboutira à un orgasme, et que l'on nomme masturbation.
On explore son sexe avant de se masturber, rien n'est plus naturel, et pourtant cela en déroute plus d'un parmi nous quand les enfants se mettent à découvrir leur vulve ou leur pénis et leurs testicules.
Vous voilà en situation : votre enfant se livre à une exploration de son sexe, en le caressant devant la télé, par exemple…
Et cela vous plonge dans la plus grande perplexité… Mais que fait-il ? Il découvre tout un univers de sensations. Il n'est ni pervers, ni malsain, bien au contraire.
Dans cette même situation, certains adultes de ma génération se sont vus appliquer divers traitements : la menace, notamment (« Arrête ça tout de suite, c'est sale, et ce n'est pas bon pour toi », tu es obsédé, ma parole, je vais t'empêcher d'aller plus loin »), on a parfois attaché les mains des enfants ou on les a recouvertes de cornets pour les empêcher de découvrir leur sexe.
Autant dire que l'acceptation n'était pas de la partie, et qu'il est normal, dans ces conditions, de se sentir affreusement mal à l'aise.
Avez-vous des souvenirs de cette nature ? Peut-être vos parents, plus jeunes, ont-ils tenté simplement de vous détourner de cette activité d'une manière plus douce.
Ils ont essayé de vous « changer les idées » et le message de désapprobation est passé de façon beaucoup moins violente, mais il est en vous.
Vos enfants ne font rien de mal en découvrant leur sexe. Lorsqu'ils en ont la possibilité, ils le font exister, et, parfois, aboutissent à la masturbation.
Cela nous inquiète quelques fois parce que nous avons l'impression qu'ils ne feraient plus que ça s'ils le pouvaient ! Et vous ? Comment gérez-vous vos besoins sexuels ? Vous finissez bien par vous arrêter une fois que vous êtes nourri, comblé, satisfait…
C'est un peu la même chose pour les enfants.
Pour autant, il y a des signes qui peuvent nous conduire à réfléchir :
- lorsque l'auto-stimulation fait mal (mutilation)
- quand elle devient compulsive, et qu'elle est la seule activité de l'enfant.
Elle lui sert en quelque sorte de refuge. Ces conduites ont une cause qui n'a rien à voir avec l'auto-stimulation, et qu'il faudra rechercher, peut-être, avec l'aide d'un psychothérapeute.
L'intimité
Se masturber, ou se caresser, cela se fait dans l'intimité, pas dans le secret. C'est un message que nous pouvons essayer de faire passer à nos enfants. Et ils le comprendront très rapidement.
Si nous évitons de les culpabiliser ou de les humilier à ce sujet, ils s'approprieront leur sexe et son potentiel de plaisir avec beaucoup de joie, qu'ils se masturbent ou pas, du reste.
Je ne peux m'empêcher, pour conclure, de vous faire part de suggestions que donne aux adultes le docteur Marie-Claude Benattar, dans son livre : « Cherchez, touchez, sentez, habituez-vous à votre sexe, apprivoisez-le. »
C'est exactement ce que font les enfants !
Catherine Dumonteil-Kremer
Commenter cet article