L'actualité de ma vie me conduit à vous parler de conflits et de médiation. Cela vous sera peut-être utile bien qu'il soit très difficile de gérer un conflit même si de petits miracles ont lieu quand les personnes se sentent aimées, et appréciées. La magie opère aussi quand on arrive à s'ouvrir à la souffrance de l'autre. Ce qui se passe lors d'un conflit peut-être très difficile à comprendre, je ne sais pas si vous avez eu le sentiment d'être totalement en dehors des émotions en jeu, lorsque vous voyez deux personnes se déchirer, cela ne fait aucun écho en vous, ou bien le conflit vous envahit totalement, et vous ne pensez plus qu'à lui, vous avez un niveau d'anxiété permanente et vous vous sentez menacés : il fait écho vraisemblablement à votre propre histoire. Le comprendre ne permet pas d'en sortir ! Lorsque nous étions enfant, je ne peux pas dire que nos parents, même les plus avertis faisaient référence à la notion de gestion de conflits, de médiation, les conflits n'étaient pas gérés, il y avait simplement un innocent et un coupable. Il suffisait d'être dans la "bonne position" pour être reconnu. L'autre était puni, et cela s'arrêtait là. Il y a aussi les nombreux moments où nous avons ressentis de l'injustice : quand nos besoins étaient en concurrence avec ceux des adultes autour de nous c'était rarement les notres qui étaient pris en compte. Le conflit n'était pas bienvenu il génait, il donnait une mauvaise image de soi, il ne faisait pas bon être en conflit. Pourtant nous avons aussi le souvenir douloureux des adultes se disputant en notre présence sans aucune limite, nous donnant un sentiment d'insécurité et d'impuissance considérable. Le conflit réactive très souvent des sentiments de rejets, d'abandon, la peur de ne plus être aimé parce qu'on a fait quelque chose "de mal" ce sont des sentiments très familiers dans la vie d'un enfant, que nous continuons à trainer à l'âge adulte. Dans ces conditions, dans nos vies présentes nous avons peu de modèle pour la gestion des conflits. Voilà mon expérience et ce qui m'aide personnellement à faire face. La médiation est surtout utilisée à l'échelon familial. Un couple qui s'apprête à divorcer qui ne peut plus communiquer, a besoin d'établir un partage de ses biens, une nouvelle manière de vivre pour les enfants, un montant de pension alimentaire. En général la médiation les aide à se mettre d'accord sur ces questions délicates. Le médiateur est TOUJOURS quelqu'un qui n'est pas connu du couple et il va le plus souvent recevoir l'homme et la femme ensemble. Le médiateur écoute les deux parties à tour de rôle et évite les commentaires qui pourraient surgir à un moment inopportun, il y a des règles et en général elle consiste à écouter l'autre jusqu'au bout sans réagir et attendre son tour pour s'exprimer. Ainsi peu à peu, les liens se tissent à nouveau, ce sont des liens très différents, il ne s'agit pas de reformer un couple (mais cela arrive parfois), mais de comprendre que l'on va rester un couple de parents pour nos enfants. Plus rarement la médiation familiale est utilisée pour remettre en contact un adolescent et ses parents par exemple. Les juges ont de plus en plus tendance à demander aux parents de tenter une médiation quand les relations sont très douloureuses et difficiles et les adultes sont parfois volontaires, il faut dire que les enjeux sont importants.
En général dans toute gestion de conflit il y a plusieurs étapes. Gordon a évoqué cela dans tous ses livres entre autre "parents efficaces", "communication efficace", etc... Rosenberg avec le processus de communication non violente l'a également beaucoup évoqué. Vous pouvez lire Carl Rogers professeur des deux auteurs précédents, et vous faire votre idée. 1) On commence par évoquer les besoins des personnes et non le conflit et son objet. C'est la première étape. Le médiateur ou la personne choisie dans ce but, peut établir une liste des besoins de chaque personne en présence. Le piège serait de parler du conflit, et de son objet, immanquablement on entrerait dans une spirale de reproches de plus en plus virulents. Ce n'est pas l'objectif de la médiation. Quelquefois on a le sentiment qu'il faut trouver un coupable, ou un responsable, ce n'est pas non plus l'objet de cette démarche, c'est le fonctionnement de nos parents qui nous a appris cela.
2) On essaie d'établir une liste de solutions proposées par les deux parties en présence. Il est très important que personne ne juge les propositions, pas de commentaires, c'est une des principales règles.
3) On élimine les solutions inacceptables pour l'un ou l'autre, là encore en étant clair et direct, sans commenter ou juger.
4) On essaie de choisir une solution et de l'appliquer pendant un certain temps, ensuite on évalue le résultat et on recommence à l'étape 2, à moins que les besoins aient évolué et que les parties en présence ressentent le besoin de tout reprendre à zéro.
Avec le temps, je me suis rendue compte que ce procédé a quelques failles, et notamment sur le plan émotionnel. Il ne comporte aucune étape où les deux personnes peuvent dire leur souffrance, leur colère, et leur sentiment d'insécurité. J'y ai personnellement ajouté une étape où les deux personnes rencontrent individuellement le médiateur et sont écoutées sans limite. Elles sont écoutées sur un plan émotionnel, donc irrationnel. Le médiateur (qui peut être n'importe qui autour en qui on a confiance ) écoute les émotions, insultes, pleurs, colères, il sait que c'est de l'émotion, il n'en tient pas compte pour juger la personne qui est là ou celle qui est absente, il aide à mettre le doigt sur ce qui est le plus douloureux. Les deux personnes évacuent chacune de leur côté une partie des émotions liées au conflit. Elles peuvent renouveller cela autant de fois que cela leur parait nécessaire. Ensuite on laisse passer une semaine. Dans mon expérience c'est un peu le temps qu'il faut pour que le travail émotionnel fait donne quelques résultats. Et on reprend un processus de médiation classique, avec moins d'émotions, moins de peur, plus de conscience. ça change vraiment tout.
Il n'y a pas que le courant "médiation" ou non violent qui propose des solutions. Dans l'écoute des émotions on fait ce que l'on appelle des "séances relationnelles". Voilà en quoi elles consistent : les deux personnes en conflit sont accompagnées d'un soutien tout proche, il y a une personne qui écoute les deux, et leur pose certaines questions. Donc 5 personnes sont présentes. Voici quelques questions que j'ai retenue : Qu'est-ce que tu as aimé chez cette personne quand tu l'as rencontrée ? Qu'est-ce que tu voudrais changer chez elle si tu avais une baguette magique ? Il y en a d'autres mais elles ne constituent pas le centre du processus. L'objectif c'est que les personnes pleurent, tremblent, rient, transpirent, en évoquant ce qu'elles vivent sans jamais juger, ou blesser d'une quelconque manière la personne avec laquelle elles sont en conflit. Je peux témoigner que cela fonctionne très bien, si on ose entrer dedans. Cela fonctionne également parce que grâce à ce processus on peut entrer dans la souffrance de l'autre, et nous sommes des humains sensibles à toutes souffrances qui se manifestent. Cette ouverture on ne peut pas l'oublier et alors on se met à comprendre plutôt que de juger. On change de position. Cela peut-être miraculeux, j'ai lu des comptes rendus de travaux en Afrique du Sud par exemple, qui m'ont beaucoup impressionnées. La plupart des auteurs qui évoquent ce sujet parle du fait que chacun d'entre nous est responsable de 50 pour cent de sa relation. Mais l'écoute des émotions parle d'une responsabilité de 100 pour cent. Quand j'y pense, si je suis responsable à 100 pour cent de mes relations, ça change pas mal la donne, je peux voir à quel point mon travail sur moi influence ces dernières, et combien il y a urgence de ce côté-là ! Au moins je prends la responsabilité des évènements, et j'essaie de faire avec même si ça a tendance à me donner le vertige ! Au mieux une médiation permet à deux personnes de s'accepter sans pour autant s'aimer, ce n'est pas toujours magique, mais le temps qui passe fait bouger les êtres, atténue les souffrances, et fait parfois le travail tout seul. Pour moi la clé ça a été de comprendre qu'il ne sert pas à grand chose d'évoquer le conflit de façon rationnelle, la plupart du temps nous faisons de notre mieux en agissant de façon totalement irrationnelle car notre éducation nous a pervertie. Je suis désolée d'utiliser des termes aussi forts, mais c'est très souvent le cas. Nous avons appris avec nos enfants qu'il y a une raison à tout comportement inadapté, et nous essayons de la trouver, et de comprendre. Avec les adultes, on peut difficilement faire la même démarche, ce n'est pas à nous de comprendre pourquoi, mais nous pouvons avoir confiance dans le fait qu'il y a une raison qui n'a rien à voir avec la situation présente. Non violence actualité présente tout un tas de publications sur la gestion des conflits. Autre méthode passionnante : le théâtre forum, ce sera pour un prochain article. Bonne journée. Catherine Dumonteil Kremer
Catherine, enfant j'ai vécu bq de situations de conflit ou la médiation a apporté une/des solutions(s), celle/celui qui gérait et organisait les rencontres entre protagonistes était tjrs une personne de grande "sagesse" , connu pour son sang froid, son sens de la justice mais surtout accepté chez les deux camps. Elle procéde par les renconter ensemble puis cahcun à part. Je t'assure que l'on pouvait dire sa colère, sa frustration, sa douleur..Cette écoute était probablement d'une qualité telle qu'elle permettait de regarder l'un et l'autre sous un autre angle lors de la réunion (effet psychique?). Les solutions proposées sont approuvées généralement par les deux et concessions faites de part et d'autre.Qq familles (des miennes) ont pu passé à un autre mode de relations , via la médiation du même genre, ont ainsi épargné le divorce. Juste ou pas, j'en sais rien mais ça avait l'air de lleur convenir.Bises, Zora.
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