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La Parentalité Positive au quotidien

Articles, idées, astuces de la pionnière de la parentalité positive en France, Catherine Dumonteil Kremer

Pour ceux qui ont tout essayé !

"J'ai tout essayé : les explications, la douceur, les cris, l'isolement rien ne marche, il n'y a que la fessée, ou la gifle que mes enfants "comprennent.""
J'ai vraiment très fréquemment entendu cette affirmation désespérée formulée très spontanément par certains parents.
Si je l'observe d'un peu plus près, je me pose trois questions. La première : Comment un enfant peut-il comprendre un coup, ou même comprendre en recevant un coup ? La deuxième : Lorsque l'on affirme avoir "tout" essayé, est-ce juste ? La troisième : A-t-on vraiment cherché à explorer les solutions possibles ou seulement celles dans lesquelles nous croyons, celles qui nous ont été léguées par nos parents ?

Vous le savez probablement, la fessée ne fait qu'engendrer un stress profond à l'enfant, il a peur, se paralyse quelquefois, il ne comprend absolument pas la situation, par contre il fait l'expérience de ce que la personne qui l'aime et le protège, celle en qui il a confiance, dont il est terriblement dépendant, peut lui faire mal physiquement.
Un fossé commence alors à se creuser, quand les coups sont l'unique solution, quand les parents ne sont pas soutenus et qu'ils portent seuls leurs blessures d'enfant, quand l'épuisement, les soucis sont là comme des parasites en quasi permanence, la colère n'est jamais loin, les enfants sont souvent frappés, ils développent alors des conduites d'évitement, n'ont plus confiance en leurs parents, en eux-mêmes.
Un des nombreux retentissements des coups, fessées, claques, tapes sur la main, sur la couche, etc... C'est qu'ils apprennent une façon d'être à nos enfants. En les frappant nous leur apprenons tout simplement à frapper aussi, nous leur apprenons la violence. Nous sommes des modèles très influents pour les bambins, on pourrait même dire que ce qu'ils expriment vient très souvent de nous, de notre histoire, et de notre façon de nous conduire avec eux.
Qui ne s'est pas un jour reconnu dans les paroles formulées par un tout petit ?  Votre enfant enregistre tout depuis très longtemps, ce qu'il entend, ce qu'il ressent, un jour vient le temps de la restitution et des grosses surprises.

A-t-on tout essayé ? J'ai connu une époque où des psychanalystes influants ont porté au pinacle la parole, le dialogue, les explications dans la relation aux enfants. Il fallait parler, parler, et encore parler, dés la naissance de l'enfant. Il comprenait, c'était une évidence.
Evidemment parler, c'est infiniment mieux que frapper. Mais je ne crois pas que cette parole salvatrice ait empêché les parents de donner des fessées à leurs enfants, d'une part parce qu'il y a reproduction de la violence éducative de génération en génération, d'autre part parce qu'expliquer quoique ce soit à un enfant de deux ans, ou bien à un bébé de dix huit mois ne l'a jamais empêché à ce que je sache, d'agir à sa guise.
Il veut quelque chose de tout son être, et ne peut absolument pas résister à ce que son moteur interne lui dicte de faire. Il est dans l'incapacité d'intellectualiser quoique ce soit.
Je me rappelle d'Aletha Solter qui disait lors d'une de ses interventions que les enfants ne répondent pas aux injonctions verbales avant sept ans.
Ceci correspond pleinement à mon expérience. Il peut arriver qu'un tout petit réagisse favorablement à des explications, mais il est vraiment primordial de comprendre que cela ne fonctionnera pas à tous les coups et que les solutions efficaces ne sont pas là. Expliquer simplement, et demander sont des étapes, en ne les oubliant pas, notre enfant prend l'habitude de la parole. Mais elles ne peuvent être considérée comme des solutions à part entière.
Elles vont pourtant parfois nous conduire à la colère, le classique "Il ne m'écoute pas", "il me provoque" conduisent à penser que nous attendons d'un tout petit que non seulement il écoute, mais aussi qu'il tienne compte immédiatement de ce que nous venons de lui dire, et qu'il "obéisse" aussitôt.
Or nous sommes là pour aider l'enfant à grandir, et grandir ne signifie pas apprendre à se soumettre. Cela signifie plutôt être en contact avec soi et les autres et apprendre à rechercher un équilibre entre nos besoins, ceux des autres, savoir établir des priorités, devenir conscient...
Qui a dit que c'était facile ? Evident ? Je suis toujours à la recherche de cet équilibre, chaque jour, à chaque minute qui passe même. C'est d'autant plus ardu que je ne l'ai pas appris dans mon enfance. Je n'avais pas vraiment d'autres choix que celui d'obéir.
Les autres solutions, (vous en trouverez toute une liste dans mon petit livre "Poser des limites à son enfant et les respecter" aux éditions Jouvence),
dépendent de la situation.
Pourriez-vous créer un jeu autour de cette situation ?
Pouvez-vous remplacer l'objet désiré par un autre ?
En dehors des situations conflictuelles, savez-vous proposer des activités nourrissantes à vos enfants ?
Comment vous sentez-vous à l'idée de contenir fermement mais tendrement votre enfant pour éventuellement l'empêcher de commettre une action que vous jugez inacceptable ?

Il y aurait d'autres questions à se poser, le sujet est vaste...
Pour le compléter un peu vous trouverez sur ce blog d'autres articles notamment sur la punition, les conséquences (1 et 2) et sur le site de La Maison de l'Enfant un article sur le time out (mise à l'écart) par Aletha Solter.
Bon week-end à tous.

Catherine Dumonteil Kremer


















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À propos

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N
J'avoue que les fessées sont très rares pour nos enfants de 7 et 3 ans et cela s'en ressent d'ailleurs dans leur comportement car elles refusent de se défendre quand elle sont agressées par d'autres, elles fuient les bagarres avec les camarades. j'en ai même entendu une dire une fois "je ne te tape pas moi, alors pourquoi toi tu le fais ?!" (reponse que je leur donne quand l'une ou l'autre lève la main sur sa soeur "pourquoi tu la tapes , est-ce que je tape sur papa quand je ne suis pas contente ? Est-ce que quelqu'un d'autre le fait sur toi ?")Je suis convaincue que c'est la bonne manière de faire mais cela est parfois très difficile car il faut passer beaucoup de chose et faire un travail sur soit pour supporter les remarques de l'entourage face au "caprice" du petit dernier, assouplir quelques règles de la vie quotidienne pour faire en sorte que l'enfant se sente écouté et compris.Bon courage à tous les parents.
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C
Pour ma part, je ne peux pas dire que j'ai tout essayé ou plutôt que je n'essaye pas tout à chaque fois que mes loustics ont un comportement désagréable. J'ai déjà enregistré, admis,et compris que les armes habituelles: fessées et menaces étaient à proscrire. Mais du coup je me trouve parfois désarmé sans ressources pour obtenir un comportement agréable de la part de mes enfants, il ne me reste plus que ma patience et ma capacité à m'isoler du jugement des autres pour endurer. L'exemple type hier: enfants survoltés + courses hebdomadaires inévitable. Je choisi le supermarché le moins peuplé et le plus rapide, mais pour éviter le conflit et le rapport de force j'ai du endurer les cris et exclamations bruyantes de jeu, la balade du caddie 1 rayon en avance de celui dans lequel j'avançais, l'inquiétude que les autres usagers du supermarché ne fassent pas une rencontre violente et malencontreuse avec mon caddie conduit par fiston 7ans , tout cela finissant par les hurlements à la mort de puce frappée à la tête juste au passage en caisse de quoi malgrès tout me faire passer pour la mère la plus inhumaine et injuste heureusement après 5 min de pleurs véhéments elle a fini par rire à pleine gorge devant les nouvelles pitreries de son frère. juste de quoi redorer un peu mon blason avant de quitter les lieux.Quand j'évoque ce genre de situation on me suggère souvent d'éviter le supermarché avec les enfants, seulement comme c'est souvent le cas: les enfants étaient déjà survoltès à la maison et leur père moins patient que moi commençait sérieusement à ne plus le supporter.
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L
oh ! comme cet article me parle !!!<br />  j'ai dérapé sous l'influence du personnel de la pmi à un moment où on avait besoin de bien d'autre chose que d'entendre qu'il était anormal que ma fille de 18 mois ne m'obéisse pas. ça m'a tellement bouleversé que deux jours apres j'accouchais prématurément !<br /> je me dis que ce personnel doit faire de sacré dégats dans les autres familles aussi. j'ai vu des affiches à la pmi de boulogne qui donnaient des informations plus justes mais  je ne sais pas où les trouver. car il faut bien donner d'autres informations dans la pmi de ma commune que celles pro-violence du pédiatre !
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C
Tu n'es pas la seule malheureusement à me parler de ce style d'interventions. Il arrive parfois que les pédiatres impuissants tout comme le sont les parents d'ailleurs à répondre aux questions de discipline, conseille une fessée "qui ne tue personne", cela prouve entre autre qu'ils ne sont pas suffisament informés. Merci pour ce témoignage en tout cas, et j'espère que tu participeras d'une manière ou d'une autre à la journée de la non violence éducative.