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La Parentalité Positive au quotidien

Articles, idées, astuces de la pionnière de la parentalité positive en France, Catherine Dumonteil Kremer

En classe qui sont les plus méritants ?

éditions le sourire qui mord

éditions le sourire qui mord

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20 FRANCS POUR UNE PLACE DE PREMIER

 

« MON GRAND-PÈRE AVAIT FIXÉ UNE ÉCHELLE DE RÉCOMPENSES : 20 FRANCS POUR UNE PLACE DE PREMIER, 15 FRANCS POUR UNE PLACE DE SECOND, 10 FRANCS POUR UNE PLACE DE TROISIÈME, ET À PARTIR DE QUATRIÈME, SON PIED AU DERRIÈRE. »

 

Jean Legal, interprété par Roger Pierre, raconte ses souvenirs d'enfance dans un film d'Alain Resnais : « Mon oncle d'Amérique » sorti en 1980. J'avais dix-huit ans et les travaux d'Henri Laborit sur les maladies psychosomatiques mis en scène dans ce long-métrage m'avaient passionnée.

 

« Un cerveau, ça ne sert pas à penser, ça sert à agir. » affirmait Henri Laborit. À cette époque-là les actions étaient téléguidées par les punitions et les récompenses, ou plus simplement par les sensations de plaisir recherchées avec assiduité et celles de souffrance que nous cherchions à éviter. Quand une situation stressante se présentait, il fallait la fuir, ou lutter pour éviter qu'elle ne se transforme en dysfonctionnement physique. C'était le début de travaux qui n'ont cessé de progresser depuis lors. L'expression des émotions en était le chaînon manquant.

 

Des « si » annonçant une récompense

Une récompense est le plus souvent annoncée : « Si tu as ton bac, je t'offrirai ton permis », « Si tu vides le lave-vaisselle, nous irons à la piscine ensemble. », « Si tu fais tes devoirs, tu auras le droit de jouer une heure à un jeu vidéo. ». Plus jeune, la récompense peut consister en applaudissements sans fin lorsqu'un progrès apparaît, ou en un « C'est bien ! » péremptoire, à moins que nous n’utilisions la nourriture comme gratification : le bonbon donné seulement dans certaines circonstances, les chocolats de Noël que l'enfant goûtera si ses comportements sont à la hauteur de nos attentes. À l'école aussi il y a des bons points, des prix, des notes et un classement.

 

Être premier s'avère valorisant, pourtant le système compétitif mis en place n'est guère compatible avec l'apprentissage. Les enfants luttent pour obtenir les résultats attendus par les adultes qui les entourent. La note quelle qu’elle soit réduit en bouillie le plaisir d'apprendre. Il se retrouve loin derrière la valorisation des parents lorsque les enfants sont classés « honorablement » selon leurs critères. C'est un système présenté comme méritocratique, et relayé par l'ensemble de notre groupe social. Des récompenses financières sont attribuées aux jeunes bacheliers pourvus d'une mention « Bien » ou « Très bien ».

 

Je me demande où est le mérite quand on est parfaitement adapté au système scolaire et que l'on a plaisir à travailler. Le méritant, selon moi, c'est celui qui, au fond de la classe, tue le temps comme il peut et n'exploite pas ses capacités, parce que la méthode est la même pour tous.

Il souffre de ne pas comprendre et de penser qu'il n'est pas « bon ».

Celui-là a un vrai mérite non reconnu, mais il ne sera jamais récompensé pour cela !

Catherine Dumonteil Kremer

PEPS numéro 7

 

 

20

FRANCS POUR UNE PLACE DE PREMIER

« MON GRAND-PÈRE AVAIT FIXÉ UNE ÉCHELLE DE RÉCOMPENSES

: 20 FRANCS POUR

UNE PLACE DE PREMIER, 15 FRANCS POUR UNE PLACE DE SE

COND, 10 FRANCS

POUR UNE PLACE DE TROISIÈME, ET À PARTIR DE QUATRIÈME,

SON PIED AU DERRIÈ

RE. »

Jean Legal, interprété par Roger Pierre, raconte ses

souvenirs d'enfance dans un film d'Alain

Resnais

:

« Mon oncle d'Amérique » sorti en 1980. J'avais dix-hui

t ans et les travaux d'Henri

Laborit sur les maladies psychosomatiques mis en scène dan

s ce long-métrage m'avaient

passionné

e.

« Un cerveau, ça ne sert pas à penser, ça sert à agir.

» affirmait Henri Laborit. À cette époque-

là les actions étaient téléguidées par les punitions et

les récompenses, ou plus simplement par

les sensations de plaisir recherchées avec assiduité et celle

s de souffrance que nous

cherchions à éviter. Quand une situation stressante se pré

sentait, il fallait la fuir, ou lutter pour é

viter qu'elle ne se transforme en dysfonctionnement p

hysique. C'était le début de travaux qui

n'ont cessé de progresser depuis lors. L'expression des ém

otions en était le chaînon manquant.

Des «

si

» annonçant une récompense

Une récompense est le plus souvent annoncée

:

« Si tu as ton bac, je t'offrirai ton permis »

,

« Si

tu vides le lave-vaisselle, nous irons à la piscine ensemb

le. »

,

« Si tu fais tes devoirs, tu auras le

droit de jouer une heure à un jeu vidé

o.

». Plus jeune, la récompense peut consister en

applaudissements sans fin lorsqu'un progrès apparaît, ou e

n un « C'est bien ! » péremptoire, à

moins que nous n

utilisions la nourriture comme gratification : le bon

bon donné seulement dans

certaines circonstances, les chocolats de Noël que l'enfant

goûtera si ses comportements sont

à la hauteur de nos attentes. À

l'

école aussi il y a des bons points, des prix, des notes et un

classement.

Être premier s'avère valorisant, pourtant le système com

pétitif mis en place n'est guère

compatible avec l'apprentissage. Les enfants luttent pour

obtenir les résultats attendus par les

adultes qui les entourent. La note quelle qu

elle soit réduit en bouillie le plaisir d'apprendre.

Il se

retrouve loin derrière la valorisation des parents lor

sque les enfants sont classés «

honorablement » selon leurs critères. C'est un système pré

senté comme méritocratique, et

relayé par l'ensemble de notre groupe social. Des récompe

nses financières sont attribuées aux

jeunes bacheliers pourvus d'une mention « Bien » ou «

Tr

ès bien ».

Je me demande où est le mérite quand on est parfaitem

ent adapté au système scolaire et que

l'on a plaisir à travailler. Le méritant, selon moi,

c'est celui qui, au fond de la classe, tue le temps

comme il peut et n'exploite pas ses capacités, parce que l

a méthode est la même pour tous.

Il souffre de ne pas comprendre et de penser qu'il n'e

st pas « bon ».

Celui-là a un vrai mérite non reconnu, mais il ne se

ra jamais récompensé pour cela !

Catherine DUMONTEIL KREMER

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J
bonjour,<br /> merci pour cet article et tous ces partages.<br /> je réagis très fortement... car je suis une prof...<br /> qui culpabilise déjà assez car on ne me donne pas les moyens d'être bienveillante avec tous les enfants, tous ces élèves.<br /> en tant que maman, j'essaie d'être la meilleure maman, la plus bienveillante possible, d'être dans l'écoute active, l'accueil des émotions...<br /> en tant qu'enseignante, dans une école lambda publique, de l'éducation nationale ... pas possible... même si j'essaie tous les jours, d'être bienveillante, douce, à l'écoute...<br /> on nous demande de faire rentrer les enfants dans des cases, de s'adapter à la moyenne...<br /> oui, ces enfants qui rencontrent plus de difficultés, qui ne sont pas dans le rythme... parfois je les oublie, ou ils m’énervent car ils me renvoient mon incapacité à les aider.<br /> merci à travers cet article de m'en rappeler, de les féliciter d'être eux pour ce qu'ils sont. et de ne pas oublier le plus important, chacun a sa place, possède son rythme...
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Merci pour ce témoignage, oui c'est compliqué d'être enseignant aujourd'hui avec toutes les connaissances que nous avons, de voir que ça ne bouge pas, que de nombreux rapports parlent de bienveillance sans vraiment savoir ce que c'est... Bref courage, car votre présence en classe change tout pour les jeunes personnes que vous accueillez :-)