Figurez-vous qu'hier, j'ai été reprise, corrigée, que dire d'autre sans aller trop loin... (?) par une enseignante, et ça m'a beaucoup inspirée finalement, alors merci Anne Lise, comme vous le dites si bien, vous êtes formés pour cela... J'ai été corrigée mais
qu'ai-je appris ? C'est ce que je me demande, j'ai senti à nouveau en moi, la petite fille qui le rouge au front va corriger sa faute !
L'enfant qui lit le commentaire bien tourné, pointe d'ironie à l'appui, et qui est seulement blessée alors que les autres rient !
Ah la la quelle époque ! Et bien oui j'ai du avoir des pbs en français aussi bien sûr, et en histoire, en géographie aussi (AM ne rigole pas s'il te plait), j'ai eu des difficultés à l'école primaire d'une façon globale, et pourtant ... J'étais chaque année première, et j'avais des prix, c'est toute une époque les prix ! Il y en a parmi vous qui ont connu ça ?
Peut-être la lectrice de 45 ans qui s'exprimait hier à propos de ses difficultés en mathématiques. C'est dire combien je me suis contrainte à retenir à travailler, et dès que j'en ai eu la possibilité, j'ai pratiquement tout oublié.
Pour l'orthographe cela a été plus compliqué, car c'est très lié pour ce que j'ai pu en observer, à un conditionnement social de la classe moyenne.
Mon père était ravi de trouver des fautes dans les commentaires, ou courrier des enseignants du collège ou j'étais scolarisée.
Chez nous on ne plaisantait pas avec l'orthographe, mes parents l'avaient durement acquise à coup de règles sur les doigts, nous étions priés mon frère et moi de lui vouer le même culte... Et la lecture était dans le même panier du reste.
Autant dire une rigidité de plus !
Alors, je suis devenue un peu comme mes parents, guettant la faute, la signalant ! Jusqu'à ce que je comprenne que cela ne me ménerait à rien, et que je commence à travailler sur moi, et mes conditionnements sociaux.
Je me suis rendue compte à quel point l'orthographe est un moyen de différencier les personnes sur un plan social, de juger, d'évaluer en profondeur un individu (de croire qu'on l'évalue en tout cas, dans les faits on ne connait rein de lui) ! Je me sentais moins proche de quelqu'un qui faisait beaucoup d'erreurs en écrivant, je le catégorisais même sans y penser d'ailleurs ...
Tout cela s'est lentement effrité, avec mon orthographe, je fais pas mal de fautes, et je refuse de m'y attarder. C'est mon expression, elle est spontanée, je ne relis pas systématiquement, cela m'ennuie parfois...
J'ai gagné aussi cette habitude de respecter les fautes des autres, sur parents conscients par exemple, les rédacteurs en font régulièrement, elles sont parfois très intéressantes (les miennes également ;-))) fautes de frappe, fautes d'accord !
On invente des mots qui n'existent pas, mais qui ont un sens pour nous, "parentage" par exemple. C'est quand même gênant d'avoir le coeur qui sursaute à chaque fois que l'on remarque une erreur en lisant, c'est difficile de se débarrasser de quelque chose qui est devenu automatique, mais on peut y arriver.
Une faute qui m'énerve en ce moment c'est celle-ci: "le frère à Maurice" au lieu du "frère de...", et j'essaie de me soigner, à quoi sert tout cela si ce n'est à opérer une distinction sociale sévère !
En tout cas, chère lectrice, sachez que j'ai enseigné le français pendant quatre années, au collège, cela m'a aidé à avancer, la correction des copies était parfois une punition, tant mes élèves écrivaient à leur manière !
Je vais conclure sur une idée qui m'est chère, l'orthographe ne devrait pas être un moyen de pression et de sélection sociale, les fautes d'accord ne devraient pas empêcher "l'accordage" entre les individus !
Bonne journée à tous.
Catherine Dumonteil Kremer
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