Articles, idées, astuces de la pionnière de la parentalité positive en France, Catherine Dumonteil Kremer
23 Avril 2014
Je viens de regarder ce documentaire sur la maltraitance, encore visible quelques jours en replay, "Parents criminels, l'omerta française"
http://www.france2.fr/emissions/infrarouge
J'ai envie de le mettre en lien avec celui que j'ai vu il y a quelques semaines sur le site de l'OVEO.
"Si j'aurais su je serais née en Suède"
http://www.oveo.org/video/helafilmen.webm
La Suède qui a interdit la fessée il y a déjà plus de trente ans, a pratiquement éradiqué les phénomènes de maltraitance. Je me suis demandé pourquoi dans ce documentaire il n'est nullement fait mention de « l'éducation » reçu par les parents violents. Ces parents qui torturent chaque jour, et finissent par tuer (en France 700 enfants meurent chaque année sous les coups de leurs parents, 10 pour cent des enfants subissent la maltraitance physique et psychologique au quotidien), qu'ont-ils ces parents subi pour en arriver là ?
La mère voulait abandonner son enfant (oui mais pourquoi ?) les deux parents étaient toxicomanes (peut-on l'être par hasard ?) pourquoi ne pas s'intéresser à la racine du problème ? Ce déni massif dont il est question ne se manifeste-t-il pas parce que nous avons des difficultés à remettre en question les parents, nos parents, et notre façon d'être parent ?
Des coups comme le souligne cet avocat les enfants en reçoivent tous les jours au nom de l'éducation, et parfois il y a celui qui est donné trop fort… Qu'est-ce que la maltraitance ? Vous pouvez répondre à cette question vous les parents ? Bien sûr il y a ces cas où la mort est au bout du calvaire, et cela semble évident que ces parents-là ont commis l'indicible, et nous ne nous sentons pas concernés. Pourtant, combien de parents pensent qu'il faut faire mal à un enfant pour qu'il « obéisse » ? Faire mal plus ou moins, mais comment ? Quelle intensité doivent avoir la punition et les coups, quelle durée d'isolement sera efficace ? La maltraitance serait-elle une question d'intensité de violence ? Avez-vous connu des moments où vous vous êtes sentis débordés par la colère et où vous vous êtes sentis violents ?
Quelles sont les mesures de prévention de la maltraitance envisagée ? Plus de contrôles, plus de signalements, plus de rapidité… Oui un enfant qui subit une torture quotidienne devrait pouvoir trouver un havre, une sécurité, essayer de reconstruire des liens salvateurs. Mais ce n'est pas de la prévention… C'est de l'ordre du traitement. La prévention consiste à faire de l'accompagnement bienveillant des enfants une cause nationale, voilà comment un pays montre qu'il se préoccupe de ses enfants, et du soutien à la parentalité une priorité.
Selon un intervenant dans le reportage, en France le lien biologique est sacré. On va essayer de maintenir les enfants dans leur famille. C'est ce qui expliquerait le problème, c'est un élément explicatif car les parents de ce fait se croiraient « propriétaires » de leurs enfants, une porte ouverte à la toute-puissance de l'adulte sur sa progéniture. J'ai plutôt le sentiment que ce lien ne s'établit pas forcément dans de bonnes conditions, qu'il manque de soutien à la parentalité dans les maternités, qu'on ne parle pas assez de ce qu'est « l'éducation ». Les liens sont sacrés, ces liens que nous tissons au fil des jours avec nos enfants, nous n'en sommes nullement propriétaire, mais nous avons la responsabilité de leur faire une bonne vie, de combler leur besoin, en comprenant que cela peut se faire sans les blesser bien au contraire. Être parent nous donne la motivation, l'élan pour protéger nos enfants.
La maltraitance qu'elle soit dite légère ou lourde n'est pas acceptable même si elle est compréhensible. Et elle n'aboutit qu'à la morosité, à la reproduction de la violence, à la maladie, la dépression, à la coupure nette d'avec soi, elle ne prédispose pas à l'empathie…
Nos voisins suédois n'ont plus ce problème-là, il est peut-être temps de s'inspirer de l'exemple qu'ils nous donnent. Nous pouvons tous dire « NON » à la maltraitance… Et si nous commencions par nous… en traquant la violence dans les moindres recoins de notre vie d'enfant et de parent, en ouvrant les yeux sur ce qu'elle est, et en devenant des sources d'inspiration et de soutien pour les familles autour de nous ? Qu'en pensez-vous ?
Le 30 avril c'est la journée de la non violence éducative, une journée pour s'informer, pour partager, une journée pour avancer :-))
Là vous pourrez trouver toutes les infos nécessaires.
lamaisondelenfant.net
Catherine Dumonteil Kremer
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