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La Parentalité Positive au quotidien

Articles, idées, astuces de la pionnière de la parentalité positive en France, Catherine Dumonteil Kremer

Bienvenue à Bisounoursland :-))

Bienvenue à Bisounoursland :-))

Le pays des Bisounours

 

« Mais… On ne vit pas aux pays des Bisounours ! » Combien de fois avez-vous entendu cette affirmation lorsque vous parliez de l’accompagnement que vous souhaitez donner à vos enfants ?

 

Que signifie-t-elle en définitive ? Ce que l’on vous oppose avec cette image, c’est que le monde est difficile, que vos enfants feront face à une certaine dureté, à des habitudes de vie partagées par tous. Y seront-ils préparés après avoir fait un séjour prolongé à bisounoursland où en définitive tout leur était facile. Sauront-ils se lever le matin ? Se contraindre à travailler alors qu’ils n’en ont pas vraiment le désir ? Faire face à l’agressivité des autres ?

Sauront-ils s’adapter après avoir vécu dans une espèce de cocon sans grand rapport avec la dure « réalité de la vie ».

 

En ce qui me concerne je vois l’évocation du pays des bisounours comme une manifestation d’indignation des adultes qui se demandent en fin de compte à quel moment vos enfants vivront les difficultés qu’eux-mêmes ont traversées, est-il normal qu’ils n’y soient toujours pas confrontés ? La crainte d’une possible désocialisation occupe la seconde place !

Aux individus qui me parlent de cette façon, je pense que je demanderais dans quel pays ils ont vécu lorsqu’ils étaient enfants ? Cela leur permettrait  de parler de leurs difficultés d’enfant même si c’est sur un mode défensif.

 

Concernant vos propres inquiétudes de parents, car bien souvent le doute vous assaille, sachez que cette image ne correspond en rien à ce que vous essayez de faire avec vos familles. Évitez-vous toutes souffrances à vos enfants ? Même si vous faites des efforts importants sur vous-mêmes, la réponse à cette question est non. Ce n’est pas un objectif réaliste du reste. En revanche vous savez écouter les manifestations de la souffrance ce qui fait une grande différence pour vos petits.

 

Et pour votre démarche de parent, je trouve la formule assez dévalorisante. Quand je vois les montagnes que les parents déplacent, les questions qu’ils se posent, les diverses démarches faites en termes de formation, de thérapie, l’engagement pris auprès des enfants d’ouvrir les yeux sur la violence éducative, tout ceci me pousse à penser que c’est une démarche profonde, exigeante tant sur le plan affectif que sur le plan intellectuel.

 

En accompagnant vos enfants, vous leur donnez une base de sécurité qui leur permettra de s’adapter aux nécessités de leur vie et à certaines contraintes, celles qu’ils choisiront de s’imposer. Les exemples de jeunes adultes élevés dans le respect avec lesquels j’ai beaucoup échangé pour mon livre sur l’adolescence ont confirmé ma propre expérience.

 

Ils sont bien moins gouvernés par la crainte que ne l’étaient certaines générations avant eux, ils ne s’attendent pas au pire. Ils ont tendance à savoir évaluer les situations en fonction de leur ressenti, et à avoir confiance en eux. Ils forment des projets les concrétisent, ils ont des relations qu’ils savent gérer bien mieux que nous avons pu le faire, et surtout ils ont conscience de leurs blessures, des lacunes de leur éducation, et prennent les choses en main bien plus tôt que nous avons pu le faire pour eux.

 

Alors vivons-nous au pays des petits ours de couleur pastel ? Je ne le crois vraiment pas, nous vivons bien tous dans le même monde. Mais nous ne portons pas le même regard sur lui.

Et nous avons toutes les raisons de garder notre optimisme lorsque nous voyons nos enfants grandir dans le respect de leur dignité.

Catherine Dumonteil Kremer

 

 

 

 

 

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N
Merci il est évident que tt le travail et les remise en question que la env demande ne nous transport pas à bisounourseland il nous faut beaucoup de courage pour faire face et ne pas céder à la facilité mais aussi pour accepter de passer pour des hippies sortie de la secte des bisounourse.
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A
J'aimerais, dans la mesure du possible, avoir accès à ces fameux témoignages d'ados qui ont reçu une éducation positive et ne se sont pas senti lésés face aux difficultés du monde qui les entoure. Personnellement, j'ai eu une maman douce et maternante, un papa présent et attentionné, respectant tout deux qui j'étais et souhaitant le meilleur pour moi. J'ai grandi dans un cocon bisounours comme vous le dites et j'ai eu une très vive réaction à mon adolescence où je me suis sentie rejetée, incomprise par les jeunes de mon âge (comme beaucoup d'ados me direz vous) puis à 18 ans j'étais carrément en rébellion et désaccord total avec notre société si différente du monde parfait dans lequel j'ai grandi enfant. Je rêvais de pouvoir redevenir enfant et non de grandir, ai essayé de retrouver des repère qui me correspondait mieux, j'ai été marginale pendant une période de ma vie (je me sentais plus proche des gens rejetés comme des SDF que comme la plupart des gens). J'ai été en échec scolaire car le cadre me coupait les ailes (pas de structures adaptées à ma liberté) cette période restera à jamais gravée dans mon esprit car j'ai été longtemps en conflit avec mes parents à qui je reprochais injustement de ne pas m'avoir donné les armes pour me défendre ou à accepter les autres, et le système tel qu'il est fait. J'ai un gros complexe d'infériorité qui m'a poursuivit pendant longtemps. La seule solution efficace pour moi a été de trouver d'autres personnes qui se sentent en désaccord avec le moule. J'ai été bénévole à Terre et Humanisme (mais entre mes 10 et mes 25 ans, il y a eu 15 ans de lutte avec moi-même qui ont été très dures) puis je suis partie vivre dans un bidonville dans une pays en voie de développement, pendant un an, ait rencontré mon mari là-bas. Nous avons aujourd'hui un enfant, sommes très heureux et j'ai fait mon chemin. J'arrive à me situer, je travaille en indépendant, suis artiste (je suis douée dans mon domaine mais une vie d'artiste, on connait plus rentable, donc je me sens toujours "obligée" de rentrer dans le moule pour m'en sortir, avoir "un bon boulot"...) du coup je me pose beaucoup de questions sur comment bien faire avec ma fille, comment lui donner tout l'amour que j'ai reçu de mes parents tout en lui permettant de se sentir à sa place, indépendante et ouverte aux autres, en confiance dans un environnement différent du cocon familial, même si les personnes en face d'elle n'ont pas reçu le même type d'éducation, sont dans la compétitivité, l'ego surdimensionné, le besoin d'être pareil que les autres pour être accepté (marques, objets technologies...). Merci pour vos avis qui m'intéressent grandement :) Mon témoignage déssert un peu le propos et je m'en excuse, peut-être ai-je juste un tempérament un peu réservé et sauvage, mais je ne pouvais pas ne pas réagir car je me suis retrouvé dans votre article.
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A
Re-bonjour,<br /> Je visite toujours régulièrement votre site que trouve très enrichissant. Pas de réponse à ma question précédente... Je la trouverai peut-être ailleurs. Belle journée à vous.
C
merci Catherine!C riche,c émouvant..cela me reconforte sur les choix que nous faisons au quotidien pour accompagner nos enfants!
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M
Merci Catherine!<br /> Eleo, non, je n'ai pas connu la guerre, j'ai seulement connu les hurlements et les coups de mes parents. Et je n'avais personne pour me réconforter.<br /> Non, je n'ai jamais été violée. J'ai seulement subi des attouchements, et personne à qui me confier.<br /> Non, je n'ai jamais connu de famine. J'avais juste très faim entre deux tétés, entre deux repas.<br /> Non, je n'ai jamais passé une nuit dehors. J'avais juste très froid dans mon lit, dans ma chambre non-isolée, et j'étais tout le temps malade. J'avais aussi très froid de contact humain.<br /> Oui, quand j'étais enfant, j'avais 0 francs en poche, ce qui voulait dire être à la merci de mes parents.<br /> Non, je ne devais pas faire les poubelles, je devais juste subir les humiliations, les coups, les insultes, les hurlements en silence pour pouvoir manger.<br /> Oui, j'ai dû me battre et fuir pour sauver ma vie.<br /> Oui, j'ai vu mon enfant souffrir de MES violences ( cris , énervements) et j'essaye de faire quelque chose pour elle.<br /> Et quand j'étais enfant, je n'avais jamais le droit de me plaindre.
E
Oui vous avez raison Adriana, ca serait bien, dans le pays des râleurs et des &quot;j'ai pas de chance&quot;, de se rappeler un peu la chance qu'on a : <br /> Tu as connu une guerre ?<br /> Tu as déjà été violée ?<br /> Tu as déjà eu très faim et n'avais vraiment rien à manger ?<br /> Tu as déjà eu très froid et n'avais rien pour te couvrir ?<br /> Tu as déjà passé une nuit dehors en hiver ?<br /> Tu as déjà eu 0 euro en poche, en sachant que ça durerait encore ainsi des semaines et que tu devrais te débrouiller pour vivre ?<br /> Tu as déjà dû faire les poubelles pour manger ou t'habiller ?<br /> Tu as déjà du te battre ou fuir tout ce que tu avais pour sauver ta vie ?<br /> Tu as déjà vu ton enfant souffrir de la faim, du froid, de violences, et ne rien pouvoir faire pour lui ?<br /> Bon, alors de quoi tu te plains ??????
A
Définitivement non, on vit pas tous dans le même monde, je partage votre avis qui est celui de que tout le monde ne porte pas le même regard sur le monde, car depuis ma porte, mon vécu, la France c'est le pays des bisounours matérialisé ....dans aucun autre pays les gens doivent être plus assistés, plus protégés, il y a de la protection sociale même pour les étrangers en situation irrégulière !!!, il y a des contrats d'assurance pour les animaux et des gens qui les suscrivent ! c'est beau ! c'est mignon ! Bien sur, il y a des pauvres, mais leurs enfants ne leur sont pas arrachés pour faire d'eux des enfants soldats ou des esclaves sexuelles , ils vont aux restos du cœur... c'est la misère façon pays des bisounous ...et Le monde est un monde merveilleux pour quelques uns, mais c'est pas si simple ailleurs...personnellement, je pense que c'est absolument formidable vode coir les enfants grandir dans le respect de leur dignité, et de celle des autres, vous avez beaucoup de chance en France de compter avec une ambiance relativement favorable a ce faire, réjouissez vous, et remerciez votre chance tous les matins au lever du soleil...il fait toujours beau en France, même s'il y a des nuages et de la pluie...il fait toujours beau...
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M
merci Catherine!!! ton article me fait du bien. bises
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S
Oh merci beaucoup pour ce texte qui vient à point aujourd'hui!
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D
A la maitresse (à qui on &quot;reprochait&quot; (en mode CNV.. ) de tirer les cheveux des enfants en classe) qui lui disait &quot;mais le monde est dur, il faut bien qu'ils s'y confrontent&quot;, mon mari lui a répondu &quot;il est temps de changer le rapport au monde alors&quot;.<br /> C'est pénible pour moi ce genre de phrase.. j'ai déjà bien assez à faire avec mes propres doutes.
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E
Tirer les cheveux des enfants ????? Non mais ca va pas la tete ?
D
:)
M
bonjour, j'aime beaucoup la réponse de votre mari! je lui emprunterai peut-être cette &quot;réplique&quot; à l'occasion!
P
Le plus difficile, ce n'est pas vraiment d'entendre ces petites phrases désagréables : quand on sait que notre façon de faire nous convient, quand on a confiance en nous, personne ne peut nous atteindre ou nous blesser. <br /> Le plus difficile, c'est quand on doute nous-même, quand on n'y arrive plus et qu'on a besoin de soutien. Au lieu de ça on entend qu'on l'a bien cherché, qu'on l'a élevé de cette façon, alors faut pas s'attendre à avoir un petit être obéissant.<br /> Moi-même je suis en plein cheminement, je n'ai pas trouvé encore la recette qui me convient pour élever mes enfants. (mais existe-t-elle cette recette?) Je sais que j'ai envie de quelque chose de bienveillant, j'ai pas envie de crier, de faire peur, de contraindre, de frapper. Et pourtant parfois je suis dépassée, je ne sais plus si ce que je fais est la &quot;bonne&quot; façon, et c'est difficile dans ces conditions, de trouver quelqu'un avec qui partager ses doutes...
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E
Merci ! Complètement d'accord avec vous sur ce post. J'espère que ce regard sur des relations, leducation et sur la vie fera le tour du monde. <br /> ;-) bonne continuation à nous toutes et tous
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C
Merci Catherine pour ce message réconfortant. Il est parfois vraiment difficile de ne pas se sentir blessé par ces petites phrases pleines de dédain. Difficile de ne pas y répondre de façon agressive lorsque comme moi on est encore soi-même un petit enfant blessé.<br /> <br /> Je répond en général qu'en effet des enfants élevés dans la bienveillance ne sont pas adapté au même monde que ceux élevés dans la soumission. Nous laissons chacun a la planète des enfants empreints des valeurs auxquelles nous croyons.
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C
Oui tout à fait d'accord avec toi :-))