Articles, idées, astuces de la pionnière de la parentalité positive en France, Catherine Dumonteil Kremer
11 Février 2016
Bonjour à tous,
Voici un extrait de mon dernier livre, faire des choix, voici un sujet qui nous concerne tous, même si l'article est orienté enfant vous le trouverez probablement utile au moment de prendre une décision...
Bonne lecture :-)))
Et si vous lui donniez le choix ?
Tous les commerciaux du monde savent que leurs clients réagissent mieux lorsqu’ils leur donnent le choix. Pour obtenir un rendez-vous rien de tel que de proposer : « Alors Monsieur Duclou, jeudi matin ou mardi matin ? » La liberté de choix du client est réduite, mais il peut avoir l’illusion d’être libre et le représentant obtiendra alors son rendez-vous.
Les enfants, eux aussi, préfèrent très nettement qu’on leur donne le choix. Parfois, lorsque nous nous sentons coincés par une histoire de pyjama non mis avant d’aller dormir la formulation « Tu veux mettre le pyjama vert ou le bleu ? » contournera la difficulté. Mais, au fond, qu’est-ce qu’il n’aime pas dans l’idée de mettre un pyjama ? De même s’il n’a pas d’élan pour faire ses devoirs, lui demander « Tu veux faire tes devoirs ce soir ou plutôt avant de goûter ? » pourra peut-être solutionner temporairement le problème.
Mais dans aucun des deux cas nous ne proposons de véritable choix à nos enfants, et ils ne tardent pas à s’en rendre compte. De plus cette simple alternative ne tient pas vraiment compte de la difficulté de l’enfant. S’agissant des devoirs, par exemple, pourrions-nous l’aider à les faire et comment ? Si nous nous mettons sa peau, nous trouvons des réponses et des solutions adaptées à ses difficultés.
S’ils avaient vraiment le choix, les enfants pourraient ne pas mettre de pyjama ou ne pas faire leurs devoirs. Ce faux choix veut les faire avancer dans une direction que nous avons nous-mêmes choisi. Le fait d’en avoir conscience est très utile lorsque nos petits commencent à résister à ces alternatives où ils ne trouvent pas de solutions qui leur ressemblent. Cela aide aussi à ne pas leur faire de reproche en ajoutant « Et pourtant je t’ai donné le choix, je ne vois pas de quoi tu te plains ».
Il est très utile de se familiariser avec la notion de choix et les différentes façons de les poser. Choisir signifie aussi renoncer (et le renoncement est un deuil qui sera peut-être à l’origine d’émotions que vous saurez écouter), ou se rendre compte que finalement non, on ne veut pas choisir, on va essayer de faire le maximum pour ne pas se limiter. Choisir c’est prendre en main sa vie, c’est constater que, dans certaines situations, les choix sont très réduits et trouver de la ressource en soi pour se dire : « J’ai peut-être plus le choix qu’il n’y paraît. »
Aujourd’hui se présente le choix d’aller ou non au parc ou chez un ami, mais demain il sera question de choisir une activité extrascolaire ou un lieu de vacances, puis une orientation post-bac ou bien une formation dans tel ou tel domaine… Notre vie est une succession de carrefours au sein de laquelle nous devons nous diriger et avancer en faisant parfois le deuil de ce que nous avons choisi de ne pas vivre.
Amusez-vous en famille à trouver les différentes méthodes possibles pour opérer un choix. Les quatre que je cite ici sont des options possibles. En les utilisant tour à tour, votre enfant apprendra à découvrir ses propres ressources et… vous aussi !
Ce processus intellectuel, que vous connaissez bien, est indémodable : établir la liste des pour et des contre, réfléchir à ce que vous allez aimer dans telle ou telle option, décrire ce qui vous sera plus difficile. Cela permet de faire un tri. (Vous pourriez tenter cette expérience au moment de faire la liste de cadeaux pour Noël, par exemple, c’est un bon moyen de la réduire peu à peu.)
Veillez à ce que votre enfant soit motivé pour entreprendre cette démarche. Sinon le meilleur moyen pour le familiariser avec elle, sera de vous y prêter vous-mêmes devant lui en lui expliquant ce que vous faites et pourquoi vous le faites.
Voilà une autre démarche que nous pouvons également pratiquer pour nous-mêmes. Imaginons que deux options de sorties se présentent : la piscine ou le parc à jeux. Notre enfant a du mal à se décider alors que nous lui avons proposé de prendre la décision lui-même. On peut alors lui suggérer de s’asseoir tranquillement, de fermer les yeux et de penser à l’une des deux options.
Il va d’abord penser à la piscine. Lui dire : « Tu vois dans ta tête tout ce que tu pourras faire à la piscine ? L’eau, les jeux, etc. Et comment c’est dans ton ventre ? Doux ? Chaud ? Ça a quelle forme ? Si tu veux tu peux dessiner comment c’est pour toi sur du papier. »
On fait la même chose pour la deuxième option. Puis on discute avec l’enfant pour juger avec lui s’il est un peu plus avancé dans son processus de décision.
C’est toujours étonnant de le constater : le hasard généralement fait plutôt bien les choses. Certains parents se sont familiarisés avec cette forme de choix pour sélectionner l’histoire du soir. Quand on lit, par exemple, des contes philosophiques à son enfant, on se rend compte que l’histoire qui a été « tirée au sort » tombe souvent fort à propos. Il est intéressant d’en parler avec son enfant. Nous nous connectons dans ce cas avec une dimension un peu magique du monde. Comment vous sentez-vous avec cela ?
Pour appliquer ce principe aux situations du quotidien, il suffit d’écrire les différentes options sur des morceaux de papier et de procéder à un tirage. Le but du jeu est d’aller jusqu’au bout, et de faire un point en fin de journée. Ce choix était-il judicieux et pourquoi ? Ou au contraire ne correspondait-il pas du tout à votre famille ?
Certains choix sont très difficiles et préoccupants pour nos enfants. Voici une petite astuce très efficace que vous pouvez leur proposer : il suffit de se poser, avant de s’endormir, une question du grenre « Qu’est-ce qui serait mieux pour moi : faire une activité de cirque ou aller jouer au hand-ball ? » Au matin, la réponse est parfois là, simple et limpide.
Extrait du livre « Une nouvelle autorité sans punition ni fessée » Catherine Dumonteil Kremer, chez Nathan
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