Décidément Anne Lise, on peut dire que non seulement vous m'inspirez mais je sors de ma torpeur matinale grâce à vous, tout à coup en vous lisant, je saute sur mon siège, je suis stimulée, mon regard s'éclaire, et c'est parti pour une réponse sous forme d'article.
Je pars pour Tarbes dans deux heures, mes affaires ne sont pas prêtes , mais tant pis, je veux répondre aux questions que vous vous posez, ou du moins à LA question qui vous taraude la voici en gros : Comment une personne aussi peu douée que moi ;-))) peut-elle enseigner quoique ce soit de scolaire à ses enfants ?
Ce n'est pas la question exacte, loin de là, voici votre commentaire :
"Je m'étonne juste parfois de voir que les parents qui se prétendent aussi bons profs que les profs font des erreurs! Quand on est enseignant, justement, on se doit de montrer l'excellence, ce vers quoi les élèves doivent tendre! (Après tout, on est tout de même formés, d'accord surtout sur le terrain, mais ça compte! L'école à la maison, à mon sens, prive les enfants d'apprentissages menés par des professionnels, par des personnes qui mènent une réflexion constante sur ce qu'est l'éducation et l'instruction, et qui ont des expériences très riches (tous leurs élèves)!)
Amicalement!"
Au risque de vous surprendre, je n'enseigne pas, nous apprenons ensemble, enfin nous essayons ! Pour moi le meilleur système consiste à faire en sorte que mes enfants apprennent seuls, avec la même méthode que j'utilise pour moi même. Quand c'est nécessaire et que je suis très motivée je peux me plonger dans n'importe quelle discipline à la condition que je me sente vivante en l'étudiant. Tout n'est pas aussi idyllique que cela malheureusement !
Mon objectif n'est pas de tendre vers l'excellence, mais vers la passion !
Pour moi l'excellence est mortifère, écrasante pour les enfants. Elle est enfermante pour les adultes, les enseignants, comment prétendre être excellent ?
Cela me parait bien lourd, et c'est cette attitude que je ne voudrais pas transmettre à mes enfants, ce perfectionnisme qui pour ma part, me déconnecte des autres quand je commence à me laisser contaminer par lui.
C'est difficile d'en sortir, le prof devrait avoir toutes les réponses ou presque dans sa discipline, mais quand il ne sait pas, il enseigne quelque chose de fondamental : il n'est qu'humain !
Apprendre pour nous c'est faire des erreurs, tâtonner, chercher, discuter, c'est progresser et régresser !
C'est abandonner un sujet et y revenir, c'est papillonner et approfondir.
Je fais beaucoup d'erreurs, je ne suis pas sûre de mes réponses, je me questionne, je pleure, et je m'énerve, je suis un modèle très éloignée de la perfection, mais ce que j'ai appris avec le temps, c'est que la perfection n'est nulle part, alors que la beauté est partout ! Chacun d'entre nous avec ses lacunes, ses passions, ses erreurs, ses réussites et ses échecs, est tout simplement magnifique tel qu'il est.
Et puis vous n'imaginez pas, un enfant qui découvre tout seul une notion et qui l'explique à un adulte qui ne la connait pas, c'est ... sur le plan de l'estime de soi, et de la confiance en soi de cet enfant-là un coup de "boost" extraordinaire ! Il sait qu'il peut , d'abord qu'il peut trouver pas mal de réponses seuls, ensuite, qu'il peut expliquer, montrer, partager son savoir.
Autre idée qui me vient à l'esprit, quand je veux apprendre quoique ce soit, je trouve un passionné, pas un enseignant. Je sais bien ce que vous allez me dire les enseignants passionnés cela existe, bien sûr ! Mais il y en a quand même peu. Comment rester passionné quand on enseigne chaque année le même programme, ou les mêmes programmes, ou presque ! Quand on se sent le jouet de dispositions ministérielles qui ignorent les réalités de terrain, quand les formations sont parfois si peu adaptées aux besoins ?
Comment se fait-il que l'école française soit trente troisième au classement mondial pour ce qui est des résultats et de la poursuite d'études ? Pourquoi "nos" méthodes sont-elles jugées dépassées par la recherche visant à mettre en lien le fonctionnement du cerveau et l'apprentissage ? Je vous renvoie au site de l'OCDE qui diffuse un "excellent" rapport sur ce thème.
Mais je m'éloigne de mon sujet, je disais donc quand je veux apprendre, je m'adresse parfois à un passionné. Le passionné adore son domaine d'élection et il est généralement à la pointe de tout ce qui se fait autour de son thème favori.
Il partage volontiers ses connaissances, il ne les enseigne pas, il montre, simplement... Il soutient, il n'est pas là pour évaluer les progrès, il est là c'est tout, sans objectif, et l'apprenant se confronte à cette matière qu'il ignore et demande au passionné de l'aide quand le besoin s'en fait sentir.
Le passionné a entre 6 et 99 ans, s'il faut donner une tranche d'âge, mes enfants m'ont montré pas mal de choses, je partage aussi avec mes filles ce que je viens juste d'apprendre, on s'entraine ensemble ou pas.
Si j'aime le contact avec les passionnés, j'aime aussi les débutants qui partagent un savoir fraichement acquis, ils sont patients, et heureux d'échanger avec d'autres !
Voilà, comment je vois l'apprentissage, comme un partage entre personnes pleines d'humilité et de bon sens, d'âges différents, ayant des expériences différentes.
Et dans cet état d'esprit-là, apprentissage et motivation sont unis à vie !
Bonne journée et bon week end...
Catherine Dumonteil Kremer
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