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La Parentalité Positive au quotidien

Articles, idées, astuces de la pionnière de la parentalité positive en France, Catherine Dumonteil Kremer

Ah l'excellence !

Décidément Anne  Lise,  on peut dire que non seulement vous m'inspirez mais  je sors de ma torpeur matinale  grâce à vous,  tout à coup  en vous lisant,  je saute sur mon siège, je suis stimulée, mon  regard s'éclaire, et  c'est parti pour une réponse  sous forme d'article.
Je pars pour Tarbes dans deux heures, mes affaires ne sont pas prêtes , mais tant pis, je veux répondre aux questions que vous vous posez, ou du moins à LA question qui vous taraude la voici en gros : Comment une personne aussi peu douée que moi ;-))) peut-elle enseigner quoique ce soit de scolaire à ses enfants ?
Ce n'est pas la question exacte, loin de là, voici votre commentaire :

"Je m'étonne juste parfois de voir que les parents qui se prétendent aussi bons profs que les profs font des erreurs! Quand on est enseignant, justement, on se doit de montrer l'excellence, ce vers quoi les élèves doivent tendre! (Après tout, on est tout de même formés, d'accord surtout sur le terrain, mais ça compte! L'école à la maison, à mon sens, prive les enfants d'apprentissages menés par des professionnels, par des personnes qui mènent une réflexion constante sur ce qu'est l'éducation et l'instruction, et qui ont des expériences très riches (tous leurs élèves)!)
Amicalement!"

Au risque de  vous surprendre, je n'enseigne pas, nous apprenons ensemble, enfin nous essayons !  Pour moi le meilleur système  consiste  à faire en sorte que mes enfants apprennent seuls, avec la même méthode que j'utilise pour moi même. Quand c'est nécessaire et que je suis très motivée je  peux me plonger dans  n'importe quelle discipline  à la condition que je  me sente vivante en l'étudiant. Tout n'est pas aussi idyllique que cela malheureusement !
Mon objectif n'est pas de tendre vers l'excellence, mais vers la passion !
Pour moi l'excellence est mortifère, écrasante pour les enfants. Elle est enfermante pour les adultes, les enseignants, comment prétendre être excellent ?
Cela me parait bien lourd, et c'est cette attitude que je ne voudrais pas transmettre à mes enfants, ce perfectionnisme qui pour ma part, me déconnecte des autres quand je commence à me laisser contaminer par lui.
C'est difficile d'en sortir, le prof devrait avoir toutes les réponses ou presque dans sa discipline, mais quand il ne sait pas, il enseigne quelque chose de fondamental : il n'est qu'humain !
Apprendre pour nous c'est faire des erreurs, tâtonner, chercher, discuter, c'est progresser et régresser !
C'est abandonner un sujet et y revenir, c'est papillonner et approfondir.
Je fais beaucoup d'erreurs, je ne suis pas sûre de mes réponses, je me questionne, je pleure, et je m'énerve, je suis un modèle très éloignée de la perfection, mais ce que j'ai appris avec le temps, c'est que la perfection n'est nulle part, alors que la beauté est partout ! Chacun d'entre nous avec ses lacunes, ses passions, ses erreurs, ses réussites et ses échecs, est tout simplement magnifique tel qu'il est.
Et puis vous n'imaginez pas, un enfant qui découvre tout seul une notion et qui l'explique à un adulte qui ne la connait pas, c'est ... sur le plan de l'estime de soi, et de la confiance en soi de cet enfant-là un coup de "boost" extraordinaire ! Il sait qu'il peut , d'abord qu'il peut trouver pas mal de réponses seuls, ensuite, qu'il peut expliquer, montrer, partager son savoir.
Autre idée qui me vient à l'esprit, quand je veux apprendre quoique ce soit, je trouve un passionné, pas un enseignant. Je sais bien ce que vous allez me dire les enseignants passionnés cela existe, bien sûr ! Mais il y en a quand même peu. Comment rester passionné quand on enseigne chaque année le même programme, ou les mêmes programmes, ou presque ! Quand on se sent le jouet de dispositions ministérielles qui ignorent les réalités de terrain, quand les formations sont parfois si peu adaptées aux besoins ?
Comment se fait-il que l'école française soit trente troisième au classement mondial pour ce qui est des résultats et de la poursuite d'études ? Pourquoi "nos" méthodes sont-elles jugées dépassées par la recherche visant à mettre en lien le fonctionnement du cerveau et l'apprentissage ? Je vous renvoie au site de l'OCDE qui diffuse un "excellent" rapport sur ce thème.
Mais je m'éloigne de mon sujet, je disais donc quand je veux apprendre, je m'adresse parfois à un passionné. Le passionné adore son domaine d'élection et il est généralement à la pointe de tout ce qui se fait autour de son thème favori.
Il partage volontiers ses connaissances, il ne les enseigne pas, il montre, simplement... Il soutient, il n'est pas là pour évaluer les progrès, il est là c'est tout, sans objectif, et l'apprenant se confronte à cette matière qu'il ignore et demande au passionné de l'aide quand le besoin s'en fait sentir.
Le passionné a entre 6 et 99 ans, s'il faut donner une tranche d'âge, mes enfants m'ont montré pas mal de choses, je partage aussi avec mes filles ce que je viens juste d'apprendre, on s'entraine ensemble ou pas.
Si j'aime le contact avec les passionnés, j'aime aussi les débutants qui partagent un savoir fraichement acquis, ils sont patients, et heureux d'échanger avec d'autres !
Voilà, comment je vois l'apprentissage, comme un partage entre personnes pleines d'humilité et de bon sens, d'âges différents, ayant des expériences différentes.
Et dans cet état d'esprit-là, apprentissage et motivation sont unis à vie !


Bonne journée et bon week end...

Catherine Dumonteil Kremer

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O
Ben juste un ptit mot ,J'ai lu deux trois "pages" et je trouve tout ca très interressant et intelligent, donc je me plonge dans la suite rires Merci pour toutes ses bonnes choses qui me parlent (apprendre à aimer apprendre c'est surtout pas réservé aux profs toujours trop académiques à mon gout) et respecter l'enfant et apprendre à être moins maladroit parfois.
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A
Décidément, on entame une correspondance suivie!!! :-)Je suis encore une fois peinée de voir que les spécialistes de la non-scolarisation n'entendent que ce qui les arrangent.J'ai beaucoup lu Maria Montessori, et je sais donc fort bien que l'apprentissage se fait par la passion et surtout grâce aux "périodes sensibles". Arrêtons de croire que les enseignants ne font que des choses rébarbatives dans leurs classes, et que seuls les parents savent créer un climat propice au désir d'apprendre chez leurs enfants.La passion existe aussi en classe, et c'est véritablement fabuleux de voir justement 25 enfants (de maternelle pour moi) passionnés et émulés entre eux par cette passion.Je suis persuadée que certains enseignants baissent les bras, et que certains font s'assoupir d'ennui les élèves.Mais ne faisons pas de ces cas une génaralité, qui servirait de loi générale et d'argument pricipal au choix de non-scolarisation.Catherine, loin de moi l'idée de penser que vous n'êtes pas douée Encore une fois, cette technique d'auto-flagellation pour engendrer la pitié m'agace!. Il ne s'agit pas ici de rhétorique, mais d'un débat de fond. Je jouons pas sur les mots, c'est tentant et plaisant, mais cela me fait penser à de la politique.Donc s'il vous plaît, pas de faux-débat, je vous crois au contraire bien trop intelligente (car malgré tout, je lis votre blog et y trouve une mine d'idées intéressantes, merci avant tout!) pour réduire le sujet à cela!
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C
Ouille ! ça ne va plus là, je crois que je suis allée trop loin par rapport à vos limites et j'en suis désolée.Il y avait quand même une bonne partie d'humour dans mon mail ! Je sais bien que beaucoup d'enseignants sont des passionnés, et qu'ils essaient de faire un boulot efficace avec les enfants qu'ils ont dans leur classe et vous en faites partie si j'en crois vos réactions ! Attention, les parents qui se lancent dans la non scolarisation ne sont nullement des enseignants et ne prétendent pas au poste. L'instruction en famille ressemble bien plus à du "Vivre ensemble" qu'à une classe gérée au sein d'une famille. Tous les parents peuvent s'y lancer même ceux qui considèrent avoir un niveau scolaire trop bas, parce que ceux là ont comme tout le monde, de la matière grise en abondance !Bien à vous, et bonne journée !
L
Tendre vers l'excellence... Cela a longtemps été mon moteur. Et lorsque j'ai voulu devenir prof, ce n'était pas pour devenir excellente, seulement pour partager.Mais aujourd'hui où je suis devenue guide-accompagnatrice pour mes enfants, je ressens vraiment ce partage, cet enrichissement mutuel. Pourtant je crois qu'un bon enseignant (et là franchement je pense qu'une formation n'est pas inutile même si malheureusement je ne ne trouve pas que les formations soient toujours bien faites, ni même les critères de sélection) est indispensable pour les enfants dont les parents n'ont pas le désir ou ne se sentent pas capables (au sens de la patience, des possibilités ? c'est tout de même un choix profond et engageant ) d'apprendre avec leurs enfants.En tout cas, j'ai beaucoup aimé ton billet où transparait en filigramme la passion d'apprendre avec tes enfants.
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M
merci catherine pour ce texte magnifique !voilà qui a mis en mots ce que je ressentais au fond de moi pour l'enseignement classique... et qui met de l'eau à mon moulin dans mon désir de montrer la vie différemment à mon enfant !elle n'a que 17 mois, celà me laisse le temps de la réflexion...marie
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K
 quand nous avons déscolarisé nos fils, toute notre attention s'est portée et se porte encore sur l'envie d'aprendre, le plaisir , la curiosité. Et chacun avec son passif et ses difficultés approfondie ses apprentissages, et va vers tout un chacun-génération confondue- pour assouvir ses connaissances et diversifier ses expériences.
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C
Pas facile la non sco, avec son cortège de restimulation de notre passé, avec cette façon que nous avons parfois de voir et de sentir l'enseignement plutôt que l'apprentissage, et toutes les craintes qui y sont rattachées...brrrrr Je me demande parfois, si je ne ferai pas mieux d'aller garder des chèvres sur un plateau du Larzac !!! ;-)))))
S
Merci Catherine pour cette éclairante distinction entre l'excellence et la passion ! J'avais écrit un texte sur l'excellence, je vais essayer de l'exhumer pour l'occasion ...BisesLN
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C
Je le lirais volontiers ce texte. Tu vois en réfléchissant 5 minutes, je me dis que l'excellence est une conséquence de la passion, ou du moins peut l'être, mais pour ce qui me concerne j'ai commencé à m'amuser dans la vie quand j'ai décidé que quoique je fasse, quoique je dise ou que j'écrive, c'est mon expression personnelle, et c'est simplement parfait tel que c'est. Et j'ai la même vision pour chacun !Je me demande si l'excellence n'est pas marié en première noce avec le perfectionnisme, et en seconde noce avec l'autodénigrement : un sport national parait-il !Bises
A
Ca me ferait presque rêver....Tant de certitudes, la sensation d'exceller, être persuadé que les profs se remettent tous en question et sont en recherche constante....Mais je sais que c'est faux.Moi aussi je suis enseignante.Et j'ai arrêté de me leurrer dès mes premiers stages.Et je hais l'excellence ou son simulacre puisque je crois que pour beaucoup c'est un vernis qui cache tant de failles.Je hais l'excellence qui m'a tant été demandée, que j'ai parfois atteinte mais pas assez souvent, de quoi baisser les bras, arrêter définitivement d'apprendre et de travailler puisque rien n'est jamais assez bien.Se heurter à "l'excellence", c'est souvent avoir l'impression que quoi qu'on fasse, de toute façon, le but ultime est trop élevé, le modèle trop parfait et qu'il ne sert à rien d'essayer d'atteindre l'inaccessible étoile.Le meilleur moyen de démotiver les élèves, surtout ceux qui ne sont pas nés "où il faut".Je vais arrêter avant de sombrer dans la dépression...... 
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