Articles, idées, astuces de la pionnière de la parentalité positive en France, Catherine Dumonteil Kremer
3 Juillet 2008
Avez-vous écouté le téléphone sonne sur le thème de l'autorité il y a quelques jours de cela sur France Inter ?
Pierre me l'avait signalé et j'ai de ce fait tendu l'oreille.
J'ai cru qu'ils allaient évoquer l'interdiction de la fessée demandée par le conseil de l'Europe. Ce sujet a été seulement effleuré, la france s'en moque apparemment, elle n'aurait envoyé aucun représentant à la conférence de Zagreb où le sujet était discuté, contrairement aux autres pays qui prennent l'affaire très au sérieux si l'on en croit un article du nouvel observateur paru cette semaine, signé par Claire Fleury.
Le seul évènement qui tourmente les spécialistes, c'est la fameuse gifle donnée à un élève de sixième par un enseignant. C'est le seul sujet de débat...
C'est là que le pédiatre Aldo Naouri entre en scène d'après lui, les enseignants ne sont pas assez soutenus... Et je suis d'accord avec lui, mais je n'avais pas attendu la fin de son raisonnement. Les parents, adultes, devraient toujours donner raison aux enseignants lorsqu'un conflit les oppose à un enfant. C'était donc ça ! Voilà ce que monsieur Naouri entend par soutien !
Il faut donner raison à l'enseignant coûte que coûte. Pour ... sauvegarder les apparences ? Donner aux enseignants une illusion de toute puissance ? De contrôle absolu ? Pour faire en sorte que l'enfant lui se débarrasse de cette même illusion de puissance ? Il ne faudrait pas qu'il pense avoir un peu de pouvoir le rejeton. Tout le monde doit se liguer contre lui.
Décidément je n'arrive pas à trouver ce qu'il y a de bon dans cette idée qui n'est pas très révolutionnaire, mes parents agissaient, ainsi, les adultes avaient toujours raison contre moi.
Il me semble que c'est ainsi que l'on produit des générations de personnes soumises à l'autorité, que de nombreux enfants n'oseront jamais parler des abus dont ils sont victimes, à quoi bon ? Quand on sait que seul l'adulte a raison, comment pourrait-on tenter de le remettre en question ? Du point de vue de l'enfant ce parti pris est une catastrophe, mais c'est la place de l'enseignant qui m'intéresse aujourd'hui.
Que peut bien penser, sentir un enseignant à qui on donne toujours raison, quelles que soient les mesures autoritaires prises à l'encontre des enfants ? Cela ne revient-il pas à nier ses problèmes quotidiens. C'est un peu comme si l'institution lui disait :
Nous vous soutenons contre vents et marée c'est tout ce que nous pouvons faire, ne venez pas nous dire que vous avez des problèmes de discipline, seuls les mauvais enseignants en ont.
Ainsi la crainte d'être considéré comme incapable prend le dessus, et personne n'ose parler de ses difficultés, sauf peut-être dans les quartiers vraiment difficiles où on ne peut survivre autrement.
Le soutien pourrait consister à regarder les problèmes en face, à les évoquer clairement, à tenter de trouver ensemble des solutions qui respectent jeunes et enseignants.
Etablir qui a raison n'est pas le centre du débat. Parler des besoins de chacun, se mettre en recherche de solutions, voilà ce qui me semble urgent aujourd'hui.
Si vous avez des idées, j'en ferai un récapitulatif à envoyer au ministère de l'éducation nationale ?
Bonne journée !
Catherine Dumonteil Kremer
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