Articles, idées, astuces de la pionnière de la parentalité positive en France, Catherine Dumonteil Kremer
2 Février 2012
Besoin de manger, ça s’écoute aussi…
À chaque fois que je travaille avec des parents, je suis toujours surprise par leur attachement aux conventions alimentaires : repas à table, à heure fixe où les enfants ont le devoir de goûter à tout dans le but d’adopter un régime équilibré qui préservera leur santé.
Notre éducation
Nous avons été élevés ainsi, pas question d’écouter une sensation de faim qui se manifesterait avant l’heure. Il nous a fallu étouffer les messages de notre corps pour obéir aux conventions.
Avoir faim seulement aux heures où cela est permis. Manger est devenu pour nous un acte culturel. Nous avons peut-être souffert en tant que bébé de cette attente imposée, les tétées à heure fixe ont toujours des adeptes !
Pour résumer nous mangeons pour répondre à un conditionnement, plus vraiment par besoin.
Des sensations fines
Comment se manifestent les besoins alimentaires ? Idéalement un bébé sera allaité à la demande jusqu’à ce qu’il n’en manifeste plus le besoin. Il se saisira alors d’aliments sur la table familiale, il portera à sa bouche, goûtera et peut-être mangera ces aliments. Peu à peu il se familiarisera en toute sécurité avec ce qui constitue le menu familial, et il mangera selon ses besoins. Le parent est ici simplement pourvoyeur d’aliments sains.
Quand il se sent en sécurité, un bambin a des sensations très subtiles et fiables. il sait spontanément ce dont il a besoin. Sa vue et son odorat l’aident à sélectionner ce qu’il veut, il va vivre toute sorte d’expériences alimentaires quand on le laisse faire. Il sautera des repas, ou grignotera dans la journée, tout simplement parce que son estomac est petit, et qu’il ne peut manger à notre façon conventionnelle qui ne correspond pas à ses besoins.
Retrouver le sentiment de satiété
Combien d’adultes autour de nous ont-ils perdu cette sensation qui leur permettrait de réguler très naturellement leurs poids, ou ne parviennent pas à l’écouter quand elle se manifeste. Les enfants tout petits dont on n’a pas essayé de modifier le trajet de besoin, l’ont naturellement. Ils s’arrêtent de manger quand ils n’ont plus faim, ils mangent lorsqu’ils ont faim. Cela constitue en soi un petit miracle. L’équilibre alimentaire peut se trouver au fond de soi, dans l’écoute des messages de notre corps.
Plus de « Finis ton assiette »
Faire taire les voix venues de l’enfance, c’est ce qu’il y a de plus complexe !
« Finis ton assiette », « Quand on pense à tous ces enfants qui meurent de fin, on n’a pas le droit de gaspiller », « Si tu ne finis pas ton plat, tu n’auras pas de dessert », « tu vas manger à la fin ! », « tu ferais bien de faire attention, tu as pris trop de poids », « Tu n’en reprends pas, tu n’aimes pas ce que j’ai préparé spécialement pour toi ? », « mange pour me faire plaisir » etc. C’est une vraie révolution pour la plupart d’entre nous de lâcher prise sur la question de la nutrition. Quand on y réfléchit un peu, c’est très naturel, depuis la naissance nous avons été élevés avec une horloge comme guide. Ce conditionnement est très profondément enraciné en nous.
Travailler sur soi
Mais… la bonne nouvelle c’est que nous pouvons en profiter pour travailler sur la question alimentaire. Réapprendre à écouter notre corps et ses besoins. Redevenir sensible à la faim et à la satiété. Pour cela deux pistes :
Revenir à l’ambiance qui régnait pendant les repas chez nous, comment était-ce ?
Tenir un journal de bord alimentaire. Avant chaque prise d’aliment notez comment on se sent, quelles sont les émotions présentes, puis manger simplement ce qui nous attire sans se juger. Cette idée peut vraiment modifier nos comportements alimentaires compulsifs.
Voilà encore un domaine où nos enfants peuvent être inspirants pour nous !
Bonne chance…
Catherine Dumonteil Kremer
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