Articles, idées, astuces de la pionnière de la parentalité positive en France, Catherine Dumonteil Kremer
9 Février 2018
"Pas de bienveillance pour Libération" de Brigitte Guimbal
Pour une raison que je soupçonne de ne pas être bonne (ne pas se remettre en question ? éviter tout risque de ressentir de la culpabilité ?), le journal Libération a jugé utile de critiquer la parentalité positive. Minimisant, comme d'habitude, les fessées et autres violences éducatives ordinaires, il présente l'éducation bienveillante comme une idéologie et prône de faire confiance aux parents – lorsqu'ils reproduisent l'éducation traditionnelle, mais un peu moins lorsqu'ils la mettent en doute !
Personnellement, j'ai d'abord été un parent traditionnel, reproduisant en grande partie ce que j'avais moi-même vécu, et je le regrette profondément maintenant que je peux mesurer le tort que cela a causé à mes enfants. Heureusement, j'ai pu en réparer une partie lorsque j'ai commencé à mieux les traiter, à les écouter, à ne plus crier, à prendre en compte leurs opinions, à ne plus décider pour eux et à m'excuser de mes erreurs.
Toujours d'après Libération, c'est bien dommage, car ils ne pourront pas bénéficier des joies de la résilience, ce mécanisme qui fait que nous ne sommes pas trop détruits par les ratés de notre éducation. Je pense tout de même qu'ils s'en passeront aisément et se contenteront volontiers d'aller plutôt bien parce qu'ils ont eu une enfance raisonnablement heureuse.
Une petit point à souligner au passage : si un enfant refuse de manger, ne pas le regarder tant qu'il ne change pas de comportement N'EST PAS, ni de près ni de loin, de la parentalité positive !!!
C'est difficile d'être parent, et nous faisons tous des erreurs. Est-il ridicule, comme le sous-entend ce journal, de faire un stage pour tenter d'améliorer les choses ? Tout ce qui m'a permis d'avancer a été pour moi une aide précieuse, et je ne regrette pas un seul instant l'énergie, le temps et l'argent que j'y ai consacrés. Ma relation à mes enfants en a été petit à petit transformée, et cela a été une libération (une vraie, sans majuscule) et une source de bonheur pour eux autant que pour moi.
En tout état de cause, à partir du moment où j'ai commencé à prendre conscience du décalage entre mon comportement et les besoins de mes enfants, je ne vois pas comment j'aurais pu faire autrement qu'entrer dans une forme de parentalité bienveillante, bien sûr dans la mesure de ce que j'arrivais à faire, avec des hauts et des bas, mais en progressant au fil du temps.
C'est cette prise de conscience qui me semble essentielle, et je pense que le dossier de Libération n'y aide pas, bien au contraire, alors qu'une loi assortie de mesures d'accompagnement pourrait changer peu à peu les mentalités, comme le montrent les pays où cela a été réalisé.
J'espère que ces pages inutiles ne feront pas reculer la cause des enfants !
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