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La Parentalité Positive au quotidien

Articles, idées, astuces de la pionnière de la parentalité positive en France, Catherine Dumonteil Kremer

La désapprobation

La désapprobation

 

Vendredi matin, j'étais à la Poste, un de mes observatoires favoris… Non que j'y fasse spécialement des heures supplémentaires, mais les situations observées m'inspirent fréquemment ma chronique… Donc, disais-je, j'étais à la Poste. Imaginez plutôt :

 

Une mère de famille est assise à côté de la poussette. Elle a un air de « bonne » maman épuisée. C'est ce que je ressens à son approche. Il y a une file d'attente importante, comme toujours à cette heure-là. Elle a demandé à quelqu'un de garder sa place, et elle veille sur son bambin de 2 ou 3 ans, qui court partout dans ce lieu public, comme un petit aventurier avide de découvertes.

Il est content, énergique, elle a le regard immensément triste… Subitement, ça y est, on lui fait signe, c'est à elle de se présenter au guichet, elle se redresse, jette un œil sur son fils.

 

 

Pendant qu'elle discute avec un aimable représentant de ce qu'il nous reste de service public, son petit garçon continue son œuvre. Il parcourt le lieu d'un pas trépidant.

Elle pose son problème, sa demande, je n'en sais rien… Nous, dans la file d'attente, savons qu'elle a relâché sa surveillance. Et le bambin se poste alors devant les portes automatiques.

 

Il est placé devant, attendant quelque chose. Là où il est situé, il ne peut déclencher le mécanisme, mais quelqu'un va entrer, c'est sûr, qui lui permettra de sortir aussitôt.

Je jette un œil à mon voisinage : une femme de plus de 50 ans, je crois, attend que le petit sorte ; je ne sais pas pourquoi, je la sens aux aguets… Un homme d'une trentaine d'années affiche un regard interrogateur.

 

Il y a une adolescente derrière moi. J'ai le sentiment que chacun attend la faute… Cette mère indigne ne surveille plus son enfant qui est prêt à sortir et à traverser la route, risquant l'accident. Je regarde le petit avec attention, un client entre, la porte s'ouvre, il peut mettre son projet de sortie à exécution. Je m'approche, lui parle, et le ramène près de sa maman.

Nous échangeons un sourire, et pas plus.

 

Mais, dans la file, j'entends des voix qui s'adressent à la mère : « Il a failli sortir… » Des voix chargées de désapprobation. Celle qui se fait entendre le plus, c'est la dame de plus de 50 ans. Très rapidement, je formule un « ce n'est vraiment pas grave du tout » et je me questionne.

Nous sommes quinze dans la file, et, à part deux personnes, tout le monde est prêt à juger cette mère.

 

Sans penser aux conséquences de cette massive désapprobation. Pour elle : cela ne l'a pas aidée, mais lui a probablement fait penser qu'elle avait commis un acte grave mettant en péril la vie de son enfant. La prochaine fois, elle sera probablement plus « sévère » avec lui, et donc les conséquences sur l'enfant seront énormes. Car la rigidité est une forme de violence, qui produit de la violence.

 

Mais d'où vient cette désapprobation ? Cette attitude qui consiste à attendre ce que l'on perçoit comme une faute, et à exprimer un jugement négatif.

Qu'en pensez-vous ? Pour vous-même d'abord ? La désapprobation était-elle présente dans votre vie d'enfant ? La réponse est positive pour la majorité d'entre nous.

Nous avons été fortement désapprouvés. Le plus souvent, du reste, on a guetté nos maladresses, afin de pouvoir exprimer un mécontentement manifeste.

La désapprobation est blessante et très difficile à traquer. Dans notre passé d'enfant, d'abord, et dans notre attitude de parent, ensuite. C'est un problème assez délicat, que nous ne résoudrons pas aujourd'hui. Mais peut-être vais-je vous laisser dans le questionnement, la prise de conscience des manifestations de désapprobation dans votre vie, celles que vous recevez, celle que vous émettez…

Et nous en reparlerons plus tard...

Je vous souhaite une riche exploration de vous-même !

 

 

Catherine Dumonteil-Kremer

 

 

 

 

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C
Bonjour Catherine, <br /> Il y a un proverbe qui dit qu'il faut tout un village pour élever un enfant...<br /> Et bien voilà, la triste représentation de notre société actuelle : individuelle et jugeante, attendant effectivement la faute pour s'en délecter.<br /> Merci pour tes actions et prises de position.<br /> Je suis persuadée que grâce à ce genre de goutte d'eau d'Amour, de bienveillance et de générosité nous pourrons inverser le cours des choses.<br /> Que la solidarité et l'entraide soient à nouveau nos compagnons de route.<br /> Si au lieu de se frotter les mains en jetant des regards accusateurs à la maman, le comportement massivement répandu devenait celui que tu as pris, nombre de mamans (et papas) seraient plus détendus, disponibles.<br /> Merci pour cette remise en question.
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A
Chère Catherine Dumonteil Kremer <br /> votre article vient toucher quelque chose de très fort qui se joue aujourd'hui en France d'après moi et m'a permis de réfléchir à plusieurs facettes.<br /> J'accompagne depuis un an de jeunes mamans toutes perdues dans cette aventure de la parentalite. Ce qu'elles ont perdues c'est leur confiance en elle. Elles sont souvent épuisées, certaines en burn out ou en dépression car elles croulent sous la désapprobation. <br /> Mais pas celle que vous mettez en relief.<br /> L'autre<br /> La désapprobation de ne pas porter leur bébé en écharpe.<br /> La désapprobation de ne pas allaiter.<br /> La désapprobation de ne pas pratiquer le co dodo.<br /> En bref la désapprobation de ne pas suivre une nouvelle parentalité émergeante.<br /> Pourtant leur enfant sont épanouis mais sous le poids des desapprobations elles ont perdues leur guidance.<br /> Alors je me pose la question: est-il possible de sortir de ce débat et simplement d'aller à la source? Voir comment faire face sereinement à la désapprobation que nous pratiquons tous? C'est une manière humaine d'affirmer ce qui nous semble juste ou pas.<br /> Serait- il possible de voir la vraie tristesse qu'est le manque de reseau et de soutien?<br /> Car cette maman soutenue aurait pu laisser son enfant chez une amie ? Ou moins épuisée elle aurait aussi pu elle aussi suivre l'elan de son enfant et profiter de ce terrain d'exporation qu'est la poste pour partager cela avec son enfant? Et surtout confiante elle n'aurait pas entendue les reflexions ou aurait pu y répondre avec un sourire?
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C
Bonjour, <br /> <br /> Ce que je retiens de cet article c'est que vous, Catherine, vous êtes sortie de votre réserve pour parler à cet enfant et indirectement soulager la maman occupée. <br /> <br /> En tant que maman de deux enfants de 3 ans et 8 mois, j'accueille toujours avec plaisir les demandes d'aide (souvent je fais peine à voir avec ma grande qui réclame son goûter en se pendant littéralement à moi, mes clés qui viennent de tomber, la petite qui glisse dans le porte-bébé, les traits tirés par les nuits trop trop courtes... :-) ) et les situations d'entre-aide entre mamans (ou avec des papas) sont finalement nombreuses...Un sourire, un petit mot encourageant, une plaisanterie, une proposition d'aide...<br /> <br /> Les situations où l'on juge, il y en a aussi...et je ne suis pas la dernière à lever les yeux au ciel quand je vois un parent "à côté de la plaque"...parce que soyons justes, il y en a pas mal !!! (être parent c'est d'ailleurs avant tout cela, non ? être constamment sur la brèche, un dur travail d'équilibre, surtout quand on est peu soutenu ou entouré).<br /> <br /> Que le parent parfait me jette la première pierre !<br /> <br /> Mais d'expérience, si je sens que je peux être soutenante par un acte aussi simple que celui d'aller échanger un mot avec un petit, j'essaie de le faire...<br /> <br /> Et sinon, oui, la désapprobation est fréquente. Elle vient souvent d'une personne peut-être à la mémoire courte, qui n'est pas entourée d'enfants ou qui a érigé l'excès d'autorité comme valeur éducative suprême (???). Car pour reprendre l'exemple de la poste, la société s'attend à ce que le petit ne puisse pas se déplacer librement. "il devrait être attaché dans sa poussette, ce petit, c'est plus prudent". <br /> <br /> Ca revient aux éternelles : "ne cours pas, tu vas tomber!" "tu ne vas pas y arriver tu es trop petit" "arrête de bouger !" (et tout cela, à l'impératif, vous l'aurez remarqué !!!
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D
Merci de poser ce témoignage Catherine. <br /> Je distingue deux choses dans ce dont tu parles : la désapprobation, et l'attente de la faute à saisir.<br /> Je ne sais pas pourquoi on en est là. Je fais une hypothèse qui m'attriste beaucoup et fait écho à ce que j'ai pu entendre dans la bouche d'un papa de ma famille à propos de son fils : "Moi je ne l'ai pas eu, pourquoi lui il l'aurait ?".<br /> Comme si nous nous vengions, comme si nous attendions avidement l'occasion d'une vengeance intérieure face à ce dont nous avons manqué.<br /> Je crois que nous ne pouvons rien faire pour les autres (mais en fait si). Nous pouvons seulement faire pour nous-même, et proposer d'autres exemples.<br /> Parce que ce dont tu ne parles pas, parce que tu n'y a pas accès, c'est ce qu'ont ressenti les gens à la vue de ton acte. Tu parles de ceux qui ont protesté fortement contre la maman, et on entend toujours ceux qui parlent le plus fort. <br /> Mais les autres ? Ceux qui ont été touchés ? Ceux que ça a fait bougé intérieurement ? Ceux qui ont été déstabilisés ? Et même ceux qui ont parlé fort, une fois de retour chez eux ? Qui sait s'ils ne vont pas agir différemment la prochaine fois ?<br /> Je fais le pari que si nous disséminons de l'amour envers nous-même, donc envers les enfants, et envers les adultes, nous allons faire des petits ruisseaux, ceux-là même qui font les grandes rivières.
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