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La Parentalité Positive au quotidien

Articles, idées, astuces de la pionnière de la parentalité positive en France, Catherine Dumonteil Kremer

Avez-vous peur du noir ?

... Et vos enfants ? Avez-vous du mal à aller dormir ?
Cela fait quelques semaines que je pense souvent aux probèmes de sommeil que peuvent vivre les parents lorsqu'ils ont des jeunes enfants, en particulier des bébés.
Et je me suis posée la question suivante : Quelles seront les répercussions sur nos enfants des tensions évidentes que nous manifestons au moment de "les endormir" ou bien lorsqu'ils nous réveillent fréquemment la nuit ?
Et si nos angoisses à propos de l'obscurité venaient de là, si nous évitions d'aller nous coucher parce que nous craignons de souffrir encore ?
Je suis presque sûre que nous avons vécu beaucoup de souffrances dans l'obscurité, et plus généralement lorsque nos parents étaient réveillés la nuit par nos cris,  comment ont-ils pu réagir ? Lorsque je vois les réactions disproportionnée des parents, le désespoir lié à l'épuisement, le questionnement :"Est-ce normal que mon enfant de deux ans se réveille encore la nuit ?", je ne peux m'empêcher de me poser la question.
Nos parents n'ont pas fait exception à la règle, de plus dans une société qui culturellement s'attendait (et s'attend toujours) à ce que les bébés dorment la nuit, ne soient pas pris dans les bras au risque de les "dérégler définitivement", on peut se demander quelles "méthodes" ont utilisé nos parents pour nous "faire dormir".

A bien y réfléchir ce n'est pas un sujet que j'ai souvent entendu évoquer par mes parents, ou mes grands parents. Ce que je sais c'est qu'on m'a laissé dans le noir seule, pendant trois mois, trois longs mois. J'imagine que le désespoir dans lequel m'a plongé cet abandon nocturne a eu des conséquences importantes sur mon comportement d'adulte. C'est la chose la plus avouable que j'ai entendu, mais j'ai un soupçon, je pense que j'ai au moins reçu la colère de mes parents qui ne supportaient pas, et ne comprenaient pas plus que je les réclame la nuit, le pédiatre ayant recommandé de supprimer le plus vite possible l'unique biberon de nuit.
J'étais seule et j'avais faim. Je sais que ma mère était une jeune femme totalement inexpérimentée, sa mère ne lui était d'aucun soutien, et elle était la première de toutes ses amies à avoir un bébé. Difficile dans ses conditions de bénéficier d'autres expériences.

Aujourd'hui je suis convaincue que les pires violences nous les avons reçu la nuit, au moment de l'endormissement. Un endormissement qui était attendu, espéré en fin de journée, au moment où tout le monde est fatigué, où les adultes espèraient pouvoir se reposer, ou se retrouver en couple.
Pour cela il fallait que les bébés dorment, et d'ailleurs y avait-il d'autres choix ?
Nos avons du en recevoir des tensions, et des colères, des reproches, et peut-être aussi des coups, de la violence... Nous avons peut-être été secoué : "Tu vas dormir oui !!!"
Tout ceci n'est pas sans conséquences sur nos vies d'adultes et sur notre comportement de parents également.

Je ne vous apprends rien si j'ajoute à la peur du  noir et à l'impossibilité d'aller se coucher, des difficultés à "gérer" l'endormissement. Nous tentons de gérer d'ailleurs ce qui n'est pas gérable, le sommeil de nos petits qui est un besoin physiologique sur lequel nous n'avons aucune prise. Nous avons seulement le pouvoir de dérégler à vie un processus qui se mettra en place sans notre intervention si nous acceptons notre fonction parentale, nous sommes là pour protéger et accompagner. Dormir  avec nos enfants est une manière de jouer ce rôle. Et penser à nos propres difficultés d'enfant liée au sommeil et à l'endormissement , les travailler pourra nous aider à nous débarrasser de ces sentiments d'épuisement qui nous poursuivent.

Bonne journée à tous.

Catherine Dumonteil-Kremer


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T
Catherine, je découvre ton blog grâce à un lien de chez Phobé et je suis ravie de te lire. Je te "connais" par tes ouvrages (Elever son enafnt autrement avait d'ailleurs fait l'objet d'un billet sur mon blog) et je suis contente de pouvoir désormais te suivre au jour le jour.<br /> Concernant cette violence faite aux enfants la nuit, je pense ton intuition très juste. Non, nous ne savons pas ce que nous avons vécu durant nos premiers mois, c'est d'ailleurs très troublant, amis j'ose croire que nous n'étions pas dans les bras de nos parents aussi souvent que nous le souhaitions ; il n'y a qu'à écouter les conseils donnés par nos grand-parents...<br /> Quand un médecin nous dit, à propos de notre enfant de 6 mois, qu'il n'y a qu'à le laisser "brailler" la nuit car il n'a pas faim... ça fait froid dans le dos. Nous en mesurons pas l'ampleur d'une telle attitude.<br /> A très bientôt
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A
Cette note me touche beaucoup, le sommeil demeure un sujet douloureux, autant pour moi petite fille que pour moi maman.
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V
j'avais peur dans le noir... plus exactement des monstres qui y habitent. Jusqu'au jour où j'ai réalisé que justement, ce n'était pas le noir qui me faisait peur, mais les monstres. Car je sais que les monstres et autres dragons existent! je les ai vus jusqu'à l'âge de...27 ans... Age auquel  j'ai réalisé aussi alors que ce qui me terrifie le plus, c'est moi qui le crée. Que les monstres qui vivent dans le noir, sont une projection d'une partie de moi même. Et que dans ce cas, je pouvais choisir de projeter une présence chaude et rassurante à la place de la présence des monstres.<br /> Je pense que "moi, adulte" j'ai dis à "moi, petite fille" que la présence de Papa et Maman était assez forte en nous pour que l'on puisse la recréer autour de nous... Et depuis je suis capable de m'envelopper dans le manteau chaleureux de l'obscurité. Enfin... Des fois! Parfois les monstres sont trop forts pour qu'on les éloigne...<br /> Aujourd'hui mon fils a plus d'un an, mais il dort toujours dans notre chambre et donc nous profitons tous de la lumière de sa veilleuse... Quel régal de se réveiller en pleine nuit dans une pénombre juste suffisante pour se repérer, mais pas assez puissante pour recréer les repères de la journée...
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I
Ouh làlà!!! Je déteste toujours aller au lit, tout comme y rester le matin... je fuis cet endroit d'ancienne solitude et de terreur, j'espère bientôt apprendre à y aller avant l'épuisement, juste pour leplaisir... et je suis heureuse de voir mes enfants y aller spontanément, quand ils le sentent, et aimer s'y prélasser le matin pour certains... <br />  <br />  
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F
Merci Catherine<br /> Tes mots me parlent beaucoup, moi qui n'est pas "fais mes nuits" avant 2ans et demi ;-)
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