Articles, idées, astuces de la pionnière de la parentalité positive en France, Catherine Dumonteil Kremer
21 Mars 2006
J'ai passé cinq jours chez ma soeur spirituelle, "mon dieu, quel bazar" (là je cite une mère qui était venue chez moi, j'avais passé plusieurs heures à ranger avant sa venue lol !).
C'est pire chez ma soeur que chez moi quand même, quoi ? Vous en doutez ? Vous êtes déjà venus chez moi... Vous avez raison, on a quand même plus de mal à voir son propre foutoir, on s'y habitue, on y est presque attaché, on ne le voit plus...
D'accord, je ne suis ni organisée, ni ordonnée ! Elle non plus et ça me rassure.
Cette fois-ci j'ai fait un constat intéressant chez mon amie. J'ai remarqué que notre bazar est très différent. Elle garde tout, partout et dans tous les coins, il y a des objets cassés, en panne, en attente de réparation.
ça fait un bail qu'on se connait avec ma presque soeur et j'ai eu le temps d'être agacée intérieurement par ses trucs de conservation qui bloque en définitive toute tentative de rangement. J'ai traversé une période d'indifférence, et puis là j'ai réfléchis, et j'en ai tiré quelque chose de très intéressant pour nous les parents.
J'avais déjà remarqué que les familles chez lesquelles tout est nickel on a du mal à accepter l'imprévu, les visites des copains qui viennent avec leurs enfants qui mettent le bazar partout par exemple, les coups de fil des copines en pleurs qui demandent deux heures d'attention, la liste pourrait s'avérer longue...
Quand on est organisé et que tout est planifié on suit le plan, alors que le bordélique désorganisé a une forte tendance à suivre les êtres et à se laisser déborder d'ailleurs parfois par sa tendance au papillonage, art dans lequel il excelle ! C'est un papillon le désorganisé, jolie image n'est-ce pas, il butine les fleurs une à une, et il meurt lol...
S'il y a un juste milieu ma soeur et moi, nous avons beaucoup de mal à le trouver.
L'autre chose, celle que j'ai trouvée lors de ma dernière visite chez elle, c'est que tous ces objets qui traînent en attente de rénovation, ils en apprennent beaucoup à ses enfants. Ils sauront réparer, cela ne fait aucun doute pour moi. Ils connaitront l'aspect technique de certains objets parce qu'ils s'y seront confrontés. Ils auront vu leur mère se décarcasser pour tenter d'ajouter un ventilateur à une colonne d'ordi alors que ce dernier n'a pas de système de fixation. Et oui en plus elle aime la difficulté ma soeur ! Ce n'est pas au premier obstacle qu'elle va baisser les bras !
ça aussi c'est une école, le voir, l'observer, le sentir, le comprendre, savoir qu'on peut mais qu'il y a des obstacles et que ce n'est pas pour autant que l'on doit se décourager. C'est si important dans la vie d'une personne.
Sans compter qu'aujourd'hui ça a un côté écologique très important, ne pas jeter mais réparer. J'ai une grande admiration pour les femmes qui savent se confronter à l'ensemble des objets qui les entourent (et j'en profite pour rendre hommage à celle qui m'a un jour conduite dans sa voiture qui démarrait à l'aide d'un simple interrupteur qu'elle avait elle-même installé), moi je me contente souvent de demander à mon compagnon (attitude des plus sexistes, je sais, je sais, mais que faire !!!) qui n'en sait pas plus que moi !
Je trouve aussi très important de transmettre cette forme de message à nos enfants, tout est réparable, et réutilisable, et en plus on apprend beaucoup avec ce style de réflexe.
Autres idées, images, qui me viennent à l'esprit : je connais un père qui ouvre systématiquement avec ses enfants les objets en panne, pour les observer, les bidouiller, du coup c'est un peu pédagogique, c'est une idée à récupérer en tout cas. On peut y ajouter celle de réparer l'objet, chercher à lui donner une deuxième vie. Là on y ajoute un véritable objectif pour la famille.
Garder, réparer, je vais travailler le sujet pour notre famille !
Catherine Dumonteil Kremer
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