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La Parentalité Positive au quotidien

Articles, idées, astuces de la pionnière de la parentalité positive en France, Catherine Dumonteil Kremer

L'alimentation, une question d'équilibre ?



L’alimentation, une question d’équilibre ?

 

J’ai fait pas mal de diététique pendant mes études, en ne tenant jamais compte de ce que j’apprenais pour moi-même. Quand j’étais étudiante aux boîtes de cassoulet succédaient les boîtes de choucroute, les sandwichs, de temps en temps les restaurants pour des repas un peu spéciaux et toujours bien trop abondants.

J’ai une culture familiale du restaurant assez présente. Mes parents nous y emmenaient mon frère et moi très régulièrement, parfois tous les dimanches. Et lorsque nous partions en vacances mon père n’oubliait jamais son sacro saint guide michelin, et il sélectionnait soigneusement l’endroit où nous prendrions nos repas gastronomiques.

J’aime manger, et je reproduis le modèle familial d’un certain point de vue, je vis avec un homme pour lequel le guide michelin est une publication des plus sérieuses, il prépare des mets raffinés en plus !

 


 

L’équilibre alimentaire en théorie

A l’université j’ai appris ce sacro saint équilibre alimentaire, les 8 groupes d’aliments, cela a sûrement évolué depuis d’ailleurs, les glucides, les lipides, les protides, les vitamines et les minéraux. Il y avait les sucres simples et les sucres complexes, rapides et lents, ceux qui avaient la capacité de se transformer en graisse (je connaissais cela par cœur !)

Je peux dire que j’étais quelqu’un de très informé, et pourtant cela ne m’a jamais empêché de manger à peu près n’importe quoi.

 


 

Mon premier enfant

Quand mon premier enfant est arrivé, Agathe, je me suis sentie investie d’une mission spéciale, je voulais ce qu’il y avait de mieux pour elle, hors de question de lui faire partager mon cassoulet WS, il lui fallait des petits plats faits maison.

Elle n’a pas été allaitée et à trois mois, sur recommandation du pédiatre, elle a mangé sa première compote (faites par son papa). Le pédiatre me donnait chaque mois une feuille sur laquelle tout était inscrit, ce que je devais lui donner à manger, les vitamines, la qualité du lait (s’il fallait en changer) et tous les mois j’appliquais à la lettre ses recommandations, j’aurais eu bien trop peur de mal faire en m’en écartant d’une quelconque manière.

A cette époque j’avais pas mal d’amis sortis de la fac de médecine qui était entrain de faire leurs premiers remplacements, ou de s’installer, la feuille du pédiatre a largement circulé parmi eux, ils la voulaient tous. J’avais fait des photocopies des recommandations de mon médecin et elles ont nourris les débuts de tout un tas d’autres qui n’avaient pas d’expérience en la matière.

J’ai fini par acheter un appareil qui me permettait de cuire et de mixer des repas pour ma fille.

Des repas sains, correspondants aux critères de l’équilibre alimentaire.

Les miens étaient décidément toujours aussi peu « nutritifs » sur le plan physiologique, ils étaient ce que je pourrai appeler des nourritures affectives.

A ce moment-là je prenais les décisions et ma fille mangeait, en général elle aimait ce que je préparais, je ne la forçais pas,  mais j’avais dans l’idée que mon rôle était de veiller à son alimentation. Une anecdote à ce propos : Je ne voulais pas qu’elle mange du sucre, et elle était gardée par ma voisine de palier. Un soir je rentre chez moi, je vais récupérer mon bébé qui devait avoir aux alentours de six mois, et je la vois avec un carambar dans la bouche.

J’ai poussé un cri indigné ! Par la suite la nounou fit en sorte qu’Agathe au moment de partir n’ait plus de bonbons à la main, mais malgré mon interdiction elle continua de lui donner des bonbons, elle en donnait à son fils et trouvait cruel d’exclure ma fille de sucreries dont elle ignorait l’existence et le goût avant de la connaître.

J’aurais trouvé tout simplement hérétique de la laisser choisir des aliments en fonction de ses besoins. Cela ne me serait même pas venu à l’idée.


Coline m’apprend la relation d’allaitement.

Avec ma deuxième fille j’ai expérimenté l’allaitement, et déjà ma manière de la nourrir est devenue très différente, je crois que j’étais plus à l’écoute de ses besoins, bien qu’encore taraudé par la diététique !

Avec Claire, j’ai appris à ne plus nourrir mon enfant mais à le laisser contrôler ce qu’il ingère, à le laisser choisir.


 

Ecouter son corps ?!!!

J’ai commencé par me dire qu’il fallait que je fasse évoluer mon alimentation. Une de mes amies m’avait  dit qu’elle trouvait qu’en matière d’alimentation elle ne faisait rien de systématique,  elle s’écoutait, elle essayait de voir quelle était la réponse de son corps à certains aliments, elle voyait une différence selon que l’aliment était pris froid ou chaud, par exemple. C’était un monde à découvrir pour moi qui mangeait de façon systématique, en choisissant mes plats en fonction de la culpabilité que j’entretenais à cause de ce que j’avais appris, et aussi en fonction du plaisir que j’avais à les avoir en bouche.

Ce qui se passait après le repas, j’y étais habituée, c’était naturel, j’étais ballonnée à moitié endormi par un trop plein, ou bien j’étais prise d’une crise subite d’hypoglycémie ! J’étais très rarement bien dans ma peau après un repas… Force m’était de constater que je ne tenais pas énormément compte de mes ressentis et même que je les avais perdus de vue depuis longtemps !

Un équilibre parfait et subtil   

Par contre pour ce qui était de mon enfant, tout cela était parfaitement en état de marche, sa sensibilité aux aliments, son attirance pour tel ou tel fruit ou légume, avait un sens. C’est cela que j’avais enfin compris ! Mon rôle de parents c’était de me procurer des aliments variés, celui de mon enfant c’était de se laisser attirer par un aliment ou un autre en fonction de ses besoins. J’en ai fait des constatations très éloignées de ce que j’avais appris.

Mon enfant mangeait à n’importe quelle heure en fonction de ce qu’il sentait, à l’âge du bambin il mangeait peu, et avait tendance à sauter des repas, il faisait plusieurs petits repas. Il était très vite rassasié. Il avait également tendance à vivre des monodiètes, je l’ai vu manger du raisin seulement, ou des pommes, ou de la viande…

Moi qui était persuadé qu’un enfant n’avait pas à manger de viande avant un certain âge, j’étais surprise de l’attraction que ma dernière fille avait pour cette catégorie d’aliment.

Je n’en faisais pas un centre d’intérêt et je la laissais se servir dans mon assiette ou ailleurs ! Je n’ai jamais rien préparé spécialement pour elle, je la laissais gérer cela pour elle même. Elle a tété plusieurs années, tout en mangeant à son rythme ce que lui dictaient ses besoins.

J’ai été très inquiète à un moment donné, à deux ans le sein représentait 90 pour cent au moins de ce qu’elle ingérait, je me demandais si c’était normal, si je n’étais pas entrain de faire une monumentale erreur, et puis j’ai compris et senti que c’était bon pour nous ce fonctionnement.

Bon pour elle qui n’était contrainte à rien et qui mangeait des tas de choses sous une forme qui m’aurait repoussée : haricots verts crus, pommes de terre crues également, pâtes froides, etc… Elle a fait des expériences en fonction de son odorat, de ses besoins, cet équilibre alimentaire que j’avais mis des années à ingurgiter dans mes cours elle le maîtrisait parfaitement pour elle même.

 

Ça maaaaaaaaarche !

J’ai cessé de m’inquiéter lorsque j’ai accepté de me faire confiance, elle était magnifique, pleine de vie, son corps fonctionnait à merveille !

Bien sûr il lui arrivait souvent de manger en dépit des canons de la nutrition, des kgs de mandarines, des barquettes entières de kiwis, de la viande, de la viande et encore de la viande, mais elle semblait très connectée à ses besoins, d’une manière spontanée et inconsciente.

Ma conclusion c’est que nous pouvons entraver très facilement le processus de l’offre et de la demande présent naturellement chez tous les enfants en faisant de la prise des repas un enjeu, une bataille, en nous imaginant que nous avons quelque chose à faire pour établir un équilibre externe, en punissant et récompensant d’une manière ou d’une autre lorsqu’il s’agit de repas, en nous servant de nourriture comme d’un anxiolytique, il est très facile de détruire cet équilibre déjà présent.

Là je pense que nous avons tous un travail à faire sur les repas pendant notre enfance, l’atmosphère de ces derniers, comment nous avons été nourri et peut-être forcés …

Au bout de ce travail il y a une tranquillité, une paix, immense, plus de guerres autour des repas, nous avons confiance en nos enfants pour nous indiquer quels sont leurs besoins.

Alors l’alimentation, n’est-ce pas plutôt une question d’équilibre psychologique ?

 

Bon courage à tous. Et bon appétit !

 


 

Catherine Dumonteil Kremer

 

 

 

 

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K
bonjour<br /> je suis bien contente de lire cet article, car j'ai pour ma part décidé d'écouter ma fille. C'est elle qui fixe son propre rythme. Elle a réclamé de la viande tres tot (et adore ça), des aliments en morceaux (pas de purée surtout, ni mouliné), et surtout, beaucoup de fruits et de légumes, préférant pour le gouter une grappe de raisin à un gateau plein de sucre. En meme temps, si elle réclame du sucre, elle en a, en quantité controlée. <br /> Ma fille ne fait pas de gourmandise, et s'autocontrole.. elle a 18 mois, et je sais que si elle me réclame un aliment specifique, c'est qu'elle en a besoin. On me prend pour une folle quand je dis ça, et pourtant, je sais qu'elle est encore à un état "naturel". Elle écoute son corps. <br /> C'est ce que les médecins oublient de nous dire : il faut etre à l'écouter de son enfant, rester connecter avec ses propres désirs... (comment ça un enfant n'a pas de désir??? c'est une heresie de penser ça...). <br /> J'avais oublié de m'abonner à la news, voici qui est réparé. <br /> A bientot. <br /> GWenaelle
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C
c'est très intéressant, se fier à  son instinct, non encore abimé...mon fils à presque 8 mois, à 98-99% allaité, il dévore les petits pots bios (pas le courage de préparer à manger) et aussi ce que je mange moi quand ce n'est pas trop dur (il n'a pas de dents encore)... j'ai toujours fait ça de manière naturelle, sans me dire que "c'est trop salé, c'est trop sucré..."il adore manger, tout, je n'ai encore rien trouvé qu'il n'aimait pas... alors pourquoi l'en priver tant que c'est en petites quantités et qu'il est bien dans sa peau
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M
merci, tes pensees sur l alimentation et le rangement germent dans ma tete comme 2 petites graines. Je vois mon non bordel differemment (et oui, moi je suis dans l autre clan...celui des rangeuses ordonnees).J avais ressenti les memes sensations apres le stage avec toi, que d emotions ecoutees et entendues depuis. bises
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C
Bonjour,<br /> Je suis contente d'avoir lu cet article. Cyprien (bientôt 18 mois). Toujours au sein. Il a consenti à manger autre chose à 11 mois. De 11 mois à 17 mois, il ne s'est nourri que de tétées, yaourt, fromage blanc et compote de fruits. Il a grignoté un peu de pain vers 15 mois...<br />  Le médecin m'avait dit à je ne sais plus quel examen. Ce régime à l'air plutôt de lui convenir, non ? Ragardez-le ?Ne vous prenez pas la tête, ça va venir tout seul ! Il va picorer dans votre assiette. C'était un sage conseil.<br /> Et voilà environ trois semaines que Cyprien mange de tout et veut goûter à tout. Tout de suite, il a voulu faire comme nous : manger tout seul avec une fourchette. Je  trouve qu'il se débrouille plutôt bien avec sa fourchette. Pour ne pas me prendre la tête, je m'organise pour ne préparer qu'un seul repas pour nous trois et mettre au menu des choses qu'il pourra manger seul. Et quand, il a un petit creux, il sait me montrer le frigo ou le placard et choisir ce dont il a envie. Il adore me faire goûter ce qu'il a dans son assiette et goûter ce que j'ai dans la mienne, même si c'est la même chose.<br /> Ce n'est pas facile de "lâcher prise". Je me culpabilisai  (aidé par certaines personnes de mon entourage) beaucoup qu'il refuse toute nourriture autre que la tétée.  Ce n'était pas le moment tout simplement. Mes parents me disaient aussi, que ce n'était pas le moment et que de toute façon tous les bébés finissaient un jour par manger...<br /> Alors pour la marche, je ne me suis pas pris la tête et j'ai résisté aux "comment il ne marche pas encore tout seul !.?" Et, hier, il est parti tout seul ! C'était le moment !<br /> Maintenant, il va falloir résisté aux "il est propre". Mais là , je commence à avoir de l'expérience !
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M
Moi aussi je me souviens du sempiternel "fini ton assiette où tu ne sors pas de table"... Je détestais manger ! D'ailleurs j'ai fais de l'anorexie pendant des années.Ma puce, qui aura 1 an dans 9 jours, est encore au sein et je dirais que l'allaitement couvre 99% de son alimentation. Elle est à table avec nous depuis qu'elle est née (sauf si elle dort bien sûr), sur nos genoux d'abord, puis dans sa chaise maintenant. Je lui donne que ce qu'elle reclame ou je lui propose en posant sur sa tablette et ensuite elle fait comme elle veut. Je ne la force jamais. Elle aime tout. Parfois, elle mange de bonnes quantités, d'autres fois elle dit non pour tout. Parfois elle en mange que le salé, d'autres fois que le sucré. J'avoue qu'au départ, cela m'inquietait un peu malgré les tonnes d'info que j'avais et qui me disaient que c'était normal. Le regard et les reflexions des autres, les normes affichées dans les magasines, etc... Puis, j'ai discuté avec la pédiatre de la mater où j'ai accouché et qui est pro allaitement et maternage. Elle m'a rassurée à 200%, m'encourageant à continuer comme je faisais, me montrant la courbe de poids de ma puce, le sourire de ma fille, son air épanouie, sa tonicité et sa précocité (elle marchait à 8 mois, se tenait debout seule à 6  et 4 pattes intégré à 4 1/2)... Me disant : si elle ne mangeait pas assez et était carencée elle ne serait pas comme ça !! Ma fille commençait à stagner niveau poids, genre que 400 g par mois au lieu des 1.2 par mois. Là aussi elle m'a rassurée : mais c'est normal !! et heureusement !! Le seul hic qui me stresse : je n'osep as trop avec les morceaux trop gros (genre bout de pain etc) car elle n'a que deux dents en bas et à du mal à machouiller et avaler... Mais elle commence à avoir le réflexe à cracher.Moi, je ne prête pas attention à la façon dont je mange. Je mange des aliments sains, légumes de mon potager 100% bio, et quasi pas de viande car je n'aime pas ça. Mais je ne regarde pas si c'est équilibré ou non. Je mange selon mon instinct. Et examens sanguins à l'appuis : je n'ai jamais été carencé à la grande surprise de mon entourage ! Et NA... ;)
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M
Catherine, je me reconnais dans de nombreux points de ce que tu racontes, même si j'ai eu la chance de découvrir très tôt que je pouvais faire confiance à l'instinct de ma fille...<br /> Quand je vois mes enfants grignoter avec plaisir un fruit bien mûr, me réclamer de la pomme, de la banane, goûter avec délice aux fruits de la passion, s'arrêter de mager quand ils n'ont plus faim... ALors que moi, je suis capable d'avaler un paquet de gateaux alors que je n'ai plus faim, que je "n'en peux plus", mais que non, j'ai décidé de finir le paquet de gateaux.... Pfffffffffff<br /> Je travaille sur moi, mais c'est dur!!!! dur de se "raisonner" quand la tête dit "non, ne mange pas une quatrième tranche de pain aux rillettes, prend plutôt un fruit" mais que ma bouche salive de cette nouvelle tranche bien grasse....<br /> Saleté d'éducation forcée à goûter à tout et à terminer mon assiette, sans manger entre les repas...<br /> Marie Gabrielle
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C
D'accord avec toi, je crois qu'une des pires choses c'est d'être habituée à manger sans fin ! et merci à maman bulle aussi pour son témoignage !