"Car la machine scolaire oeuvre à d'autres dessins qu'à ceux qu'elle proclame. Elle prétend former l'individu, la personne, le citoyen, l'homme et la femme ; de fait elle produit des singes savants, des consommateurs, des sujets dociles, des abrutis rompus aux ruses utiles pour obtenir une place dans la société et s'y maintenir. D'où sa passion pour les têtes bien pleines or rien n'est plus vide qu'une tête bien pleine." Michel Onfray.
Cette citation est tirée de la préface du livre de Gilles Geneviève " La raison puérile. Philosopher avec des enfants ?", j'ai envie de vous parler un peu de cet ouvrage que j'ai vraiment aimé lire. Cela faisait longtemps que je n'avais pas pris autant de plaisir à partager l'expérience d'un auteur. C'est Pierre, mon compagnon qui m'a offert cet ouvrage et je dois dire que mon premier réflexe a été un mouvement de recul ! Qu'est-ce que cela peut cacher un titre pareil ? "Enseigner" la philosophie à des enfants ? Encore un livre pour enseigner quelque chose à des enfants, mais quand les laissera-t-on tranquilles ? Je me trompais lourdement sur la démarche de Gilles Geneviève qui raconte l'expérience de l'atelier de philosophie pour enfant de l'université de Caen. Les enfants sont volontaires pour s'y rendre, l'adulte (en l'occurence l'auteur) y est seulement facilitateur, il a à coeur de se rendre presque invisible, laissant toute la place à l'expression des individus qui sont là pour poser des questions et en parler ensemble. Il n'est pas là pour évaluer, pas plus pour donner son avis d'ailleurs, il prend des notes et reste à l'écoute humblement. J'ai senti de la part de Gilles Geneviève un immense respect des enfants, une grande confiance aussi dans leur capacité de réflexion, un lâcher prise : il se laisse mener par le groupe, si le débat attendu n'a pas lieu, inutile de forcer les choses, tout le groupe en fait l'expérience. Au fil des pages on partage ses enthousiasmes, ses déceptions, ses considérations, il rend compte de chaque questionnement, chaque débat sans jamais émettre aucun jugement sur la parole des enfants, aucun sous entendu, aucune ironie. A ma grande surprise, j'ai retrouvé mes valeurs dans cet écrit, l'écoute (avec des références à Gordon notamment), le jeu (Gilles Geneviève parle de jeux coopératifs assez brièvement), le non jugement, l'acceptation de l'autre avec ses différences, le refus d'une école où l'élève est seulement soumis à l'adulte...etc... Ce livre est truffé de réflexions à propos de l'école, ce qui me permet de revenir à mon sujet avec celle-ci par exemple : "De même penser l'école comme une sorte de marche-pied permettant d'entrer gaiement dans la grande famille du salariat, n'est-il pas pernicieux ?
Cette façon de faire n'est-elle pas percluse de présupposés économiques, politiques, philosophiques pour tout dire ? Car pouvons-nous accepter de laisser nos jeunes, ceux que nous revendiquons comme "la chair de notre chair" immoler leur enfance sur l'autel de l'ascenseur social ? Qui dans cette nouvelle et laïque version du sacrifice d'Abraham, retiendra notre bras ? C'est nous-mêmes qui les conduisons au martyre en les contraignant à consacrer le plus clair de leur temps à leurs études-Des dizaines d'heures chaque semaine, autant voire plus que bien des salariés- Et en leur disant implicitement, ou explicitement, "travaillez maintenant vous serez heureux plus tard".Mais de quel bonheur s'agit-il ? Sans l'énoncer clairement, l'expression "ascenseur social" assimile le bonheur au confort matériel, aux postes de pouvoir." La suite est édifiante, mais je suis obligée d'interrompre là ma citation, mais vraiment lisez ce livre de Gille Geneviève, je suis sûre que vous ne le regretterez pas ! Voici une nouvelle raison qui fait que mes enfants ne vont pas à l'école, parce qu'elle leur volerait leur enfance, et leur enfance n'a pas de prix !
Il m'a dit cela lors d'un échange de mails au sujet de la liberté d'instruction.Il est certain que son enfance malheureuse doit influencer beaucoup sa perception de la possible nocivité de la famille.Il ne veut d'ailleurs pas d'enfant, et considère que si on les aime vraiment, on s'abstient d'en mettre au monde...
Ce qui est surprenant, c'est que Michel Onfray considère que les raisons de santé ou médicale sont d'excellentes raisons pour l'instruction à domicile, mais qu'en dehors de ces cas, il s'agit plutôt d'un refus de la société et du monde qu'est l'école, de la part des parents....Ca me parait vraiment contradictoire avec son discours libertaire, comme si la liberté, ce n'était pas pour les enfants.
Et oui, personne n'est parfait !!! Ou as-tu lu cela ? Cela dit il considère que les parents sont au moins aussi nuisibles que l'école, ça c'est dans "La puissance d'exister" mais aussi dans la préface qu'il faite pour Gilles Geneviève.Il y a quelque chose qu'on ne peut oublier c'est que Michel Onfray n'a pas d'enfant, on peut supposer qu'il n'a pas vraiment creusé le sujet, et que ce n'est pas un objectif pour lui. Par contre ce qu'il a subi au sein de sa famille l'a profondément marqué, et il est clair que pour lui la famille peut être un lieu de violence et de maltraitances diverses pour les enfants, a-t-il tort ? Il ignore que certains parents travaillent sur eux afin de ne pas violenter leurs enfants, d'être de véritables adultes soutenant pour leur progéniture. J'oublie personnellement bien souvent que les parents, pendant des générations, des siècles même, n'ont été que les pires ennemis de leurs petits. Merci pour ce commentaire en tout cas.
L
LN des Landes
28/02/2007 09:58
bravo Catherine... je suis de tout coeur d'accord avec toi mais voilà moi je me bats contre des autorités qui considèrent elles que ne pas les preparer à etre de bons consommateurs pervertis c'est de la maltraitance... car je vais les empêcher d'entrer dans ce paradis ... pff des fois on sent seule... LNPS: continues j'aime bien te lire et diffuse tes livres... et si j'étais plus riches je les offrirais à mon AS....
j'ai vu un samedi soir très tard, un reportage extrèmement intéressant sur l'université populaire de caen avec entre autre M.Onfray, et parmi les intervenants(tous passionants!) ce monsieur qui accompagnait un groupe d'enfants dans leur démarche de réflexion, enfin je pense que c'était lui, je ne me souviens pas de son nom, mais son attittude était des plus respectueuse! merci pour ces articles concernant la nonsco, et lla référence à d'autres lectures, cela m'aide dans mes réflexions et ma détermination a ne pas scolariser notre petit dernier, et à ne ô combien pas regretter la désco de ses très grands frères, même si il est vrai que chaque parcours est parfois semé d'embûches, que l'on apprend à surmonter, (mais en définitive on se retrouve face à des enfants qui prennent le temps nécessaire pour devenir adultes ) Merci.Ktrine.
Merci Catherine pour cet argumentaire qu'au combien je fais mien !!<br />
A une époque j'ai étudié le concept d"entreprise apprenante" (où les individus développent des compétences collectives et utilisent l'apprentissage coopératif; où chacun apporte son originalité et ses capacités à l'ensemble du groupe) et l\\\'idée de société apprenante me semble essentielle à mettre en place pour ce siècle car les compétences individuelles, et l'esprit de compétition qui s'y associe, ne suffisent plus pour réfléchir et agir efficacement sur la complexité de notre monde
Merci pour cette série d'articles, Catherine! et pour ces références que je ne connaissais pas! <br />
Tu formules tout cela très clairement, chose que je ne me sens pas capable de faire...<br />
Bisous!
Ton livre, je l'ai trouvé "par hasard" sur une table de nouveauté chez Cultura... Comme quoi même les supermarchés du livres mettent de belles choses en valeur ;-) !!!
Et bien tu réponds à la précédente question, tu peux trouver mon livre partout et je peux aussi te l'envoyer si tu veux tu peux me contacter en privé.Merci à tous pour vos commentaires en tout cas.
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