Il y a une chose que j'ai constatée dans le comportement de mes filles, qui sont toutes allées à l'école malheureusement... (Agathe n'a fait que le primaire à la maison, et Coline et Claire en sont sortis en début de CE2 et CM1.) C'est qu'elles ont perdu trois éléments moteurs pour l'apprentissage.
Le premier c'est le questionnement, ou autrement dit la curiosité. A force de vivre la contrainte scolaire où on est forcé d'apprendre ce qui ne nous intéresse pas et où la plupart des questions ne sont pas au programme, on se lasse. Les questions restent sans réponse, une information en grande quantité dont on ne perçoit pas toujours le sens doit être stockée par tous les moyens en nous, cela a pour effet d'anesthésier la curiosité.
Les petits enfants en sont naturellement pourvu, ils traversent des périodes où ils posent quinze questions par jour, et des questions auxquelles nous ne savons pas toujours répondre (mais qu'avons-nous donc appris à l'école ?), c'est ainsi que pourrait se faire l'apprentissage de façon souple et naturelle. Ce qui se passe à l'école fait que le savoir que l'on avait envie d'acquérir le plus souvent dans un état d'excitation intense, est devenu un travail imposé, la plupart du temps morne et insipide, du coup on a tendance à se braquer de façon systématique contre ce qui pourrait être un grand plaisir dans nos vies.
Le deuxième élément c'est la motivation, et si vous êtes parents de bambins vous savez combien leur volonté est forte, ils veulent vraiment et ce de toutes leur force. Cette volonté si elle n'est pas brisée par l'éducation sera une excellente base pour la motivation. Cette motivation qui manque tant aujourd'hui aux enfants et aux jeunes ! Cette motivation dont on parle souvent en salle des profs essentiellement pour déplorer son absence. Et bien elle était présente en abondance en chacun d'entre nous, elle nous poussait à l'action. Et je me demande pourquoi cette motivation disparait (j'ai quand même des embryons de réponses), et comment on peut la préserver.
Le troisième c'est l'estime dans leurs capacités à apprendre, liée à l'habitude de considérer l'erreur comme un drame.
A force d'être évaluée, surveillée, à force de ne pas être considérée et appréciée pour ce que l'on est, on engrange un sentiment d'échec assez fort.
On se dit qu'on ne comprend pas, et qu'on ne comprendra jamais, on fait des erreurs et au lieu de les considérer comme des signes de bonne santé, on s'en désespére en se jugeant nul et inapte. On baisse rapidement les bras, considérant comme anormal le temps mis pour assimiler quoique ce soit.
La suite demain...
Catherine Dumonteil-Kremer
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