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La Parentalité Positive au quotidien

Articles, idées, astuces de la pionnière de la parentalité positive en France, Catherine Dumonteil Kremer

Des relations idéales ?



Au cours d'une interview récente, une journaliste me pose la classique question :"Comment faire pour que les frères et soeurs s'entendent bien, qu'ils soient complices dans leur vie ?", j'ai traduit ça par "Comment faire pour qu'ils vivent LA relation idéale que nous n'avons pas vécue ?"

Ah cette relation idéale, fusionnelle, unique et exceptionnelle, que ne ferait-on pas pour mettre la main dessus ! Dans tous les domaines de notre vie d'ailleurs... Car si nous nous attendons à faire vivre à nos enfants une relation parfaite selon nos critères, notre relation de couple est également touchée par ce mythe. Qui n'a pas attendu le prince charmant ? L'âme soeur ? On croit même parfois l'avoir rencontré, ou ne pas être tombée sur "le bon", il est là quelque part, le mythe, il nous attend au coin d'une rue, c'est sûr !
En amitié, nous sommes à peu près aussi lucide qu'en amour, ce qui donne quelquefois des relations chaotiques !
Toute notre culture est orientée vers le mythe de l'amour parfait, intense, ne s'agirait-il pas par hasard d'une recherche éperdue de l'amour maternel que nous n'avons pas reçu en quantité suffisante quand nous étions bébé ?
Cette fusion que nous recherchons tant dans toutes nos relations, correspond-elle à un vrai besoin ? Ou à une recherche frénétique vouée à l'échec ? Pouvons-nous à notre âge combler un besoin de bébé ?
A la dernière questions je répondrais par non, si nous pouvons être comblée un certain nombre d'année par une relation de couple, l'expérience prouve, et il suffit de regarder autour de soi, qu'au bout d'un certain temps, nous ouvrons les yeux, c'est là que la véritable relation commence...
Il y a des conflits, des attentes différentes, un besoin d'exister qui se manifeste, et c'est très naturel !
Etre comblée totalement par un seul être qui prend soin de vous merveilleusement, cela aurait pu exister au début de nos vies, quand nous étions dépendants et que nous avions tant besoin de compréhension, de chaleur, de contact...
Voilà un besoin non comblé qui fait bien des dégats avec notre imaginaire.
Et nous baignons dans le mythe quasi quotidiennement.
Par le biais du cinéma, de la littérature, par exemple. Les artistes qui comme nous ont souffert de ce manque, ne peuvent s'empêcher de mettre en scène l'amour parfait, la passion, ou au contraire, son absence désespérante...
Il y a quelques jours au cinéma avec une de mes filles, j'ai vu un film qui ne démentira pas mon propos :"Odette Toulemonde". Nous en sommes sorties toutes les deux le sourire aux lèvres ! C'était délicieux, comme une patisserie douce, belle, et légère, dégustée en fin d'après-midi dans un salon de thé un peu désuet...

Et puis quelle drôlerie !!! Non il était vraiment chouette ce film, il m'a d'ailleurs beaucoup rappelé "Romuald et Juliette" vous vous rappelez ?
Le mythe de l'amour qui se fiche des classes sociales, qui est prêt à les bouleverser pour combler son besoin de maman !
Tout l'inverse de ce que nous montrait Claude Goretta en 1977 avec "La dentellière", une jeune coiffeuse vit une histoire d'amour désespérée avec un intellectuel et elle en meurt presque !


Plus j'écris plus je pense aux films qui ont jalonné ma vie et nourrit cette histoire d'amour parfait  ou au contraire destructeur... Il y en a eu tant de films sur l'amour et l'amitié... Tiens un récent qui ressemblait à une belle poésie "Eternal sunshine of the spotless mind", vous l'avez vu ?

Il arrive fréquemment que toutes ces belles histoires nous fassent pleurer, elles font aussi écho à nos détresses d'enfants, pour ceux qui sont abonnés à "Cheminer ensemble" ils verront ce que je veux dire.
Etre exposé à la situation "parfaite" très éloignée de ce que nous avons connus provoque des larmes, les fameuses larmes "d'émotion". Nous ne sommes pas tristes, nous sommes émus...
C'est le côté thérapeutique de ce genre de film... Il existe aussi des films qui montrent de vraies relations, plus proches de la réalité en tout cas...
Vous en connaissez ?
Je sais que c'est difficile, mais essayez de vous guérir de l'attente de la relation idéale, que ce soit dans vos familles, vos couples, avec vos enfants, une fois pour toute, ça n'existe qu'au cinéma !!!
Nos relations sont bien mieux qu'idéales, elles sont vivantes !
Bonne journée.

Catherine Dumonteil-Kremer









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V
Merci de cette réflexion très instructive. Oui, la recherche de l'amour maternant doit être la source de nombreuses désillusions. Je n'avais jamais regardé les choses sous cet angle (ne comprenant pas ma disposition à pleurer comme une madeleine à chaque flot d'émotions même mièvre). J'ai compris.<br /> Oh oui, les relations vivantes, décevantes par certains points et tellement constructives, épanouissantes pour soi comme pour l'autre: ne pas être dans ce cocon tout doux, hermétique et figé, mais dans un apprivoisement de tous les instants.
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N
ça me rapele un bouquin que j'ai lu le printemps passé La Princesse qui croyait aux Contes de Fées de Marcia Grad. Un livre que j'aurais bien aimée connaître à mes 18 ans! Présentation de l'éditeur Elevée de façon très stricte par le roi et la reine qui se montrent des parents aussi sévères qu'affectueux, la douce princesse Victoria grandit en rêvant d'être un jour secourue par son Prince Charmant ; comme toutes les jeunes filles de ses contes de fées préférés. Et quand le prince arrive effectivement, tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes jusqu'au jour où elle découvre que son prince est loin d'être aussi charmant que dans ses contes. Sur les conseils d'une chouette délicieuse qui chante et joue du banjo, la princesse part sur le Chemin de la Vérité, un chemin parsemé d'embûches et de défis qui mène à la découverte de soi. Ce livre s'adresse à toutes celles qui, marquées par leurs blessures d'enfance, pensent qu'elles ne sont pas à la hauteur ou se sont soumises à un prince "désenchanteur". Il leur montre en effet que les nouveaux départs et une fin heureuse sont toujours possibles.
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M
 Avons nous peur de ce qui est vivant?  car ,oui si nous sommes vivant  cela veut dire qu' aussi tout s' arrête! Est  ce la peur de la mort qui nous fait croire a l' idéale qui n' existe pas ? La  perfection  n' est pas véritable  Les enfants eux savent regarder les gens  et  les choses sans jugement  Ils prennent l' instant présent  ils n' attendent rien de la relation  a l' autre Nous les adultes on est dans le regard de l' autre   en recherche de que l' on voudrait  qui voit de nous  et qui n' est pas vrai je vois bien que c' est cela qui m' emprisonne attendant ceci  ou cela  comment fait on sortrt de nos prison mental ?en étant vivant , donc faillible
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C
Pour moi, les films ce n'était pas des happy ends mais tout le contraire, l'impossibilité d'une bonne, saine et durable relation entre hommes et femmes , la cruauté et l'absurde du monde, la difficulté voire l'impossibilité de communiquer vraiment (Bergman, Antonioni - Identification d'une femme ou ceux avec l'inatteignable Monica Vitti), ça correspondait plus à mes croyances que les fins heureuses où "ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants". Happy ou "sad" end, ce n'est qu'une façon de caresser nos fantasmes infantiles dans le sens du poil. La difficulté c'est de s'ouvrir à une vision différente et de se laisser emporter... pour peu que le film soit honnète.
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C
C'est marrant parceque pour ma part les films que j'aprécie le plus ne sont pas ceux qui présentent des relations idéales mais bien ceux qui présente des personnages qui parviennent à apprécier les petits bonheurs de leur quotidiens malgrès des relations souvents chaotiques. Mon shéma type d'amour fraternel et familial c'est par exemple la série Malcolm. Quand a mes enfants je suis consciente qu'ils partagent actuellement une belle complicité malgrès leurs chamailleries très régulières et j'en suis très heureuse. Mais je reste convaincu que les parents ne sont pas seuls responsable de l'entente ou la mésentente de leurs enfants: le caractère de chacun y fait également beaucoup.
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