Articles, idées, astuces de la pionnière de la parentalité positive en France, Catherine Dumonteil Kremer
4 Juin 2010
Je sais, je vous avais promis un article sur la fête des mères pour lundi, mais voilà, je n’ai toujours pas internet et je me demande à quel moment je serai reliée à vous tous !
Mais, heureusement Francis est là avec son cybercafé familial de quartier !
Vous vous rappelez que j’avais déjà écrit un texte intitulé "Pourquoi j'aime être une femme ?", et puis ma réponse à Elisabeth Badinter « Pourquoi j’aime être un chimpanzé ? »
Et voilà que j’ai trouvé une source d’inspiration dans une encyclopédie des années cinquante, l’encyclopédie de la femme. Une lecture édifiante pour toutes les femmes qui voudraient connaître la source des conditionnements inhérents à leur sexe.
Je vous en livre ici un passage :
«Education des filles : Elle doit se faire dans le sens le plus altruiste. Le rôle de la femme dans la vie est de tout donner autour d’elle : confort, joie, beauté, tout en gardant le sourire, sans faire figure de martyre, sans mauvaise humeur, sans fatigue apparente.
C’est une lourde tâche. Il faut entraîner notre fille à ce renoncement perpétuel et heureux. Dès la première année, elle doit savoir spontanément partager ses jouets, ses bonbons, et donner ce qu’elle a autour d’elle, surtout ce à quoi elle tient le plus. » Encyclopédie de la femme chez Fernand Nathan 1950.
Alors ? Qu’est-ce que vous en dites ? Etonnant, indignant, édifiant, éloquent, révoltant ?
1950 ce n’est pas si vieux, je suis née en 1962, ma mère en 1930, autant dire que cette « philosophie » était dans l’air, comme un poison étouffant les femmes.
En lisant cela je me dis, tiens ce n’est pas très étonnant que les femmes se sentent mal à l’aise à l’idée d’affirmer leur volonté, à l’idée de dire non, stop ! Une femme c’est souriant, aimable, compréhensif, une femme que l’on peut aimer doit convenir, penser à chacun dans sa famille… C’est une loi non écrite, sinon elle sera taxée d’emmerdeuse, de mal b….., on l’accusera d’être victime d’un syndrôme prémenstruel… Et pour la remercier on a inventé ce jour : La fête des mères ! Pour la remercier du sacrifice permanent qu’elle fait de sa vie, elle se sacrifie à ses enfants à son partenaire, et elle mérite bien un cadeau de la part de ses enfants, petits ingrats qui doivent intégrer cette donnée, leur mère s’est bel et bien sacrifiée pour eux ! Bien sûr une femme sacrifiée, c’est un paquet de souffrances non exprimées, elle prend sur elle, elle finit par devenir amère, violente physiquement ou psychologiquement avec ses enfants, ou avec elle même…
Mais ça ne fait rien, ses enfants doivent lui dire merci ce jour-là, ils doivent lui montrer des signes de reconnaissance par le biais de cadeaux et de poèmes !
Sacrée fête des mères ! qui contraint les enfants à « honorer » leurs parents quels que soient les traitements subis, qui les poussent parfois à espérer qu’en faisant un cadeau, en lisant un joli poème, peut-être cette fois-ci leur maman les aimera pour ce qu’ils sont…
Vous savez ce que j’en pense ? J’ai le sentiment que c’est à moi de remercier mes enfants d’être ce qu’ils sont, de m’avoir subie quand j’étais à la recherche d’un mode d’accompagnement acceptable, d’avoir vécu à mes côtés en m’aimant inconditionnellement malgré mes souffrances, de m’avoir montré à quel point c’est merveilleux d’être une femme…
Pas une femme sacrifiée, mais une femme qui jouit à chaque instant de ce qu’elle est… Un femme qui refuse le sacrifice, mais qui sait se dépasser, une femme qui sait faire de bons choix pour elle-même, une femme puissante qui accompagne la vie sous une forme ou une autre…
Alors si nous revisitions ce petit passage,
« Les petites filles ont besoin que l’on respecte leur connexion à elle même, le pouvoir qu’elles ont sur leur vie en dépend… Il est important qu’elles sachent demander, explorer, chahuter, agir parce qu’elles ressentent du plaisir à le faire, comme tout être humain soumis à ce traitement, elles seront capables d’élaborer une connexion aux autres, une forme d’empathie, doublé d’une écoute d’elles mêmes qui leur permettra de mener une vie pleine et riche en expériences de toutes sortes. »
Par exemple…
Cela dit, pour mon boulot de mère j’aimerais recevoir une prime annuelle d’environ 20 000 euro, je crois que cela me montrerait que l’on prend en considération cette énorme tâche qui consiste à être parent ;-)))
Militons pour une prime de 20 000 euro par enfant xD
Bonne journée à tous !
Catherine Dumonteil Kremer
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