Articles, idées, astuces de la pionnière de la parentalité positive en France, Catherine Dumonteil Kremer
30 Avril 2013
Je sais, je sais, j'arrive après la bataille qui a fait rage autour de ce témoignage de parent.
http://www.grainedecurieux.fr/enfant/education/pages/pour_certaines_fessees.aspx
Mais quand même, je signale à toutes fins utiles qu'aujourd'hui, c'est la dixième édition de la journée de la non violence éducative, qu'il est question pour nous tous de poster nos trois idées les plus efficaces en la matière, alors moi j'ai décidé de poster une réponse à Domitille pour partager avec elle ce qui a fonctionné chez nous.
Domitille est "pour"
Pour élever ses enfants et aboutir à un résultat "positif", c'est ce qui ressort de votre article en tout cas.
Pour la fessée
On le comprend à votre intro, vous êtes pour la fessée, c'est pour vous une méthode d'éducation "traditionnelle". Là dessus je vous rejoins, au moins sur le terme traditionnel, car il s'avère qu'elle est totalement inefficace. Alors en tant que parent devrions-nous nous poser des questions quant à l'efficacité de ce que nous faisons avec notre progéniture, je pense que oui. D'autant que, en ce qui me concerne je trouve que l'accompagnement des enfants prend énormément d'énergie (votre témoignage à propos des réveils de votre fille est éloquent à ce propos) alors pourquoi utiliser des méthodes qui ne fonctionnent pas, et qui ont en plus la capacité de nous créer des problèmes au long cours ?
Des idées qui fonctionnent
Pour vous Domitille la fessée est un outil, vous évoquez la fessée-limite, la fessée-réaction, la fessée-dernier recours, etc. Mais enfin il s'agit toujours du même ressort activé, la crainte. Car frapper, taper, donner une fessée à un enfant c'est quand même lui faire mal, et lui faire peur.
Les neurosciences sont à la mode aujourd'hui, elles ont investi de nombreux domaines dont l'éducation fait partie. Elles nous apprennent que lorsqu'un enfant a peur ou mal, il n'apprend rien, il souffre, et c'est l'évitement et non la compréhension de la règle qui préside à son comportement.
Il évitera soigneusement d'avoir à nouveau à faire avec les manifestations de notre colère.
C'est par exemple la réaction de votre fille lorsqu'elle a reçu une fessée dont vous dites qu'elle a été donnée sur le coup de la colère, qu'elle a fait mal, mais cela a "marché" votre fille a peur d'en recevoir une autre, elle n'a plus recommencé, en tout cas pour le moment et en votre présence. Ce qui vous satisfait apparemment.
1,2...3
Du reste, vous l'écrivez la fessée est pour vous un dernier recours, elle intervient après le dialogue, et diverses façons que vous avez trouvé pour prévenir votre enfant.
Quand ce dernier traverse la rue sans votre accord vous lui donnez une "fessée-sécurité" c'est vous qui utilisez ce terme, et je comprends ce que vous voulez dire. Mais on ne peut pas associer deux vocables aussi divergents l'un de l'autre. Car la fessée fait perdre son sentiment de sécurité à l'enfant. Il a peur et encore une fois apprend l'évitement de la souffrance, de la désapprobation, de la punition.
Il finit du reste par avoir peur de ses parents, et par jouer l'enfant sage pour continuer à obtenir de l'amour et de l'attention. Mais au fond c'est la rage qui couve et parfois à l'adolescence c'est le chaos, ou bien à l'âge adulte c'est une désaffection évidente pour les parents. On a des relations superficielles, sans intérêt, elles sont finalement le reflet de ce qu'elles ont toujours été.
L'amour et la peur, un mauvais mariage !
On ne dira jamais assez combien est dommageable le mariage de l'amour et de la peur dans l'accompagnement des enfants. Au fond, on n'a pas le droit d'être soi, mais on devra se déformer pour convenir aux exigences parentales.
On est angoissé et stressé, le cerveau sécrète un neurotoxique très efficace : le cortisol. On peut devenir anxieux à vie. Comment accepter que la personne qui nous aime le plus au monde et en qui on a une confiance aveugle nous fasse mal...
C'est un non sens...
Au fond j'ai l'impression très nette que vous le savez aussi, Domitille, quand vous écrivez "Je pense qu'il faut avoir des trésors d'imagination pour mettre en place la stratégie de la douceur, et souvent c'est ce qui marche le mieux."
Oui c'est ce qui marche le mieux. Et parfois il suffit simplement d'aller chercher des infos et des partages, des livres, des publications gratuites ("Sans fessées comment faire ?" par exemple) pour trouver de bonnes idées très efficaces, car elles préservent la dignité de l'enfant, elles lui donnent la possibilité d'apprendre dans des conditions optimales pour son cerveau, nous le comprenons de mieux en mieux, et se sentant respecté et aimé, il fait de son mieux pour intégrer la communauté des humains.
Le désespoir nous assaille parfois...
J'en termine avec le sentiment de culpabilité et de désespoir que vous avez éprouvé après avoir "filé une trempe" à votre dernière de trois ans alors qu'elle se réveillait malade et fébrile. Vous êtiez épuisée, enceinte, elle vous réveillait souvent, et votre geste était je pense, un geste de violence associé à beaucoup de désespoir. Vous l'avez regrettée cette "fessée-défouloir". J'ignore si Luce vous fera un procés, mais il est toujours temps de s'excuser et de tenter de regagner la confiance de nos enfants. Il est toujours temps de prendre soin de vous, de rencontrer d'autres parents, d'avoir des lectures encourageantes, d'ouvrir les yeux sur notre propre histoire. Il n'est jamais trop tard pour faire autrement. Qu'en pensez-vous ?
Voici quelques idées ici et là une émission des Maternelles entièrement dédiée à la fessée.
Bonne réflexion !
Catherine Dumonteil Kremer
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